Qui connaît encore Lotte Eisner ? Qui a regardé hier sur Arte le très beau (et intelligent) documentaire sur cette grande dame ?
Ceux qui l’ont approché ont tous, sans exception, été séduit pas sa gentillesse, son intelligence, sa connaissance du cinéma et son érudition. Elle a été l’amie de tous les grands réalisateurs, des frères Lumière à Luis Bunuel en passant par Eisenstein ou Hitchcock. Elle pouvait parler de tous et de tous leurs films.
Je ne prétends pas l’avoir connue, mais je l’ai croisée à Dijon lors de la réunion annuelle de programmation des séances décentralisées de la Cinémathèque qui lui doit tant. J’avais été ébloui par cette petite femme et j’étais tombé sous son charme.
Henry Langlois, le fondateur de la plus belle cinémathèque du monde (avec Georges Franju), avait été conquis par l’aura de cette grande dame, qui avait fui le nazisme et il ne s’était pas trompé en l’engageant dans cette grande et folle aventure. Ensuite, il l’avait sauvée de la déportation et leur collaboration a permis de constituer la plus belle collection d’objets du cinéma et de films qui soit, y compris dans des brocantes.
Elle a beaucoup écrit et j’avais eu la chance de découvrir son œuvre majeure, L’écran démoniaque, dans la bibliothèque du ciné-club du lycée Carnot à Dijon, animé par un professeur d’exception, eux aussi, Michel Cégretin. Livre qui, aujourd’hui encore, fait référence.
Il fallait le culot de la chaîne franco-allemande pour rendre enfin l’hommage qui lui est dû à Lotte Eisner, femme d’exception, qu’on ne peut pas oublier quand on a eu la chance de la croiser.