On peut être étonné du quasi silence des médias à propos de la disparition de Luca di Fulvio. Comment ignorer un écrivain de cette dimension, dont les quelques livres ont connu de véritables succès (pour ne pas employer l’affreuse locution best-seller).
Le gang des rêves (qui l’a fait connaître, mais avec retard), Le soleil des rebelles, Les prisonniers de la liberté, Les enfants de Venise, Mamma Roma, une fois ouverts, ces œuvres majeures enthousiasmaient les lecteurs au point de ne plus les fermer avant d’avoir terminé leur lecture.
L’écriture de di Fulvio est fluide et ses personnages sont décrits avec la passion d’un entomologiste. Ses personnages sont d’ailleurs des migrants et si les sujets sont historiques, c’est pour mieux nous parler de notre monde d’aujourd’hui.
Luca di Fulvio n’écrit pas des romans historiques, mais il nous plonge dans un univers où ses personnages cherchent un ailleurs pour fuir un quotidien de misère ; le roman social n’est jamais loin.
Il répétait à l’envi, « je trouve d’abord mes personnages, vivants et indépendants, qui veulent suivre leur propre chemin, et ce n’est qu’ensuite que je choisis la période historique qui représente le mieux leurs ambitions, leurs projets et leurs rêves. En bref, l’Histoire est le plateau de tournage où je fais se dérouler la vie et non l’inverse. L’Histoire est un arrière-plan. Elle compte moins que le parcours de mes personnages. Ils sont aux commandes. »
Roman social plutôt que roman historique, car les personnages de Luca di Fulvio luttent et se heurtent au système économique et politique ; en permanence pour vivre dans un autre monde, plus humain.
Luca di Fulvio est mort, sans bruit, à 66 ans ; il laisse une œuvre majeure de la littérature. Qu’on peut toujours reprendre, avec la même ferveur.