Nicolas Sarkozy téléphonait beaucoup aux médias (pas avec l’appareil de Paul Bismuth, réservé aux communications avec son avocat). En 1994, le rédacteur en chef de Soir, quotidien de Bruxelles, avait été soumis à de multiples pressions des ministres et conseillers après des révélations sur l’implication de la France dans l’attentat contre le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana.
Sarkozy, alors porte-parole du gouvernement, s’était permis de téléphoner au Premier ministre belge, Jean-Luc Dehaene pour exiger des excuses. Rien moins. Celui-ci avait eu une réponse cinglante : en Belgique, la presse étant libre, il ne se sentait nullement engagé par l’article du Soir.
Emmanuel Macron, lui, se permet de téléphoner à l’éditorialiste du New York Times, Ben Smith, pour se plaindre du traitement de son programme dans les médias américains.
Ben Smith, sans doute interloqué, a publié trois plus tard un éditorial particulièrement ciselé ; les mots ont été choisis et pesés (et ils ne sont pas à la gloire du premier de cordée).
Cet éditorial est accessible sur le site du New York Times, mais en voici la chute :
« Je lui ai demandé si ses plaintes à l’encontre les médias américains n’étaient pas elles-mêmes un peu trumpiennes — des attaques hautement médiatisées au service d’un programme politique. M. Macron a répondu qu’il veut simplement que lui et son pays soient compris clairement. “Mon message est le suivant: Si vous avez des questions sur la France, appelez-moi”, a-t-il dit. (Accessoirement, il n’a jamais accordé d’interview au bureau parisien du New York Times, ce qui serait un bon début.) Il a rejeté la comparaison avec M. Trump. »
Sarkozy – Macron, rédacteurs en chefs de tous les médias. En France peut-être, mais ni en Belgique, ni aux Etats-Unis !
Leurs interventions, outre qu’elles sont la preuve d’un culot inouï et d’un problème aigu avec leur ego respectif, ne grandissent pas les hommes politiques français, ni notre démocratie.