Le président de la République et son gouvernement sont englués dans une situation qu’ils ont largement contribué à dégrader. L’inflation est au plus haut depuis plus de trente ans, les chiffres du chômage sont maquillés pour faire croire à sa baisse, de nombreux secteurs sont à la recherche de salariés. Mais, pendant ce temps-là, les grandes entreprises sont, elles, en bonne santé si on en croit les promesses de dividendes déjà annoncés. En revanche, de nombreuses petites entreprises de plus en plus dépendantes des commandes des grands groupes et les artisans sont à la recherche de solutions pour préserver activités et emplois.

En plein débat politique des législatives, Emmanuel Macron dit tout le mal qu’il pense du programme de la gauche réunie et distribue des chèques pour répondre au plus pressé, mais sans s’attaquer aux vrais problèmes.

Augmenter les salaires ? Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, supplie les patrons qui le peuvent de faire un effort. La réponse est immédiate : les demandes salariales sont difficiles à satisfaire ! Relocaliser les productions ? Un sondage publié par Les Echos est éloquent : 9 % des dirigeants seulement en parlent !

Ces mêmes patrons se lamentent : les recrutements sont de plus en plus difficiles et on se heurte à une pénurie de compétences ; mais qu’ont-ils fait en multipliant les plans dits sociaux et les dégraissages d’effectifs, parmi les plus compétents (mais pas seulement), tout au long des trente dernières années, en se privant de leur savoir-faire ?

C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron croit utile de recevoir les syndicats à la veille du premier tour des élections législatives ; le président de la République est inquiet en observant, en même temps, la recrudescence des revendications et la montée de la popularité des candidats de la gauche unie.

Après avoir ignoré les syndicats et en les discréditant, fait voter des lois anti-sociales et favorisé les grands groupes par une série de mesures ultralibérales, Emmanuel Macron changerait-il, comme il le prétend ? Son Conseil national de la refondation, détournant un sigle marqueur d’une vraie politique sociale, connaître-t-il un meilleur sort que la Convention citoyenne sur le climat ? On ne peut pas y croire quand on observe la composition de son gouvernement où tous les postes sensibles ont été confiés à des ultralibéraux, comme Elisabeth Borne, Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin. On ne peut pas y croire après qu’il eut annoncé que la réforme des retraites sera bouclée en plein cœur de l’été, sans concertation. 

Les gesticulations pré-électorales de Macron sonnent faux. Il n’y a que Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT pour y croire. C’est un signe supplémentaire.