Soyons rassurés, la sureté nucléaire est bien assurée ; les catastrophes de Tchernobyl, de Fukushima ou de Three Mile Island ne peuvent pas se produire en France, Emmanuel Macron, le grand réformateur, en écarte les dangers et accuse les écologistes et leur idéologie totalitaire de vouloir imposer un mode de vie amish.

Si les autorités des années 1960 avaient mis en place des organismes chargés de la recherche, de l’expertise et de la sureté, il est urgent de réformer : pourquoi entretenir deux organismes, l’IRSN et l’ASN quand un seul suffirait ?

L’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN), établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), a développé une double culture d’expertise et recherche ; il accueille 1500 salariés de droit privé, notamment des chercheurs en génie atomique, des physiciens, des radiochimistes hautement qualifiés. Il remplit diverses missions, très diversifiées, allant des études d’accidents comme à Tchernobyl aux services d’imagerie médicale et de radiothérapies. Insupportable quand l’Etat croule sous les dettes !

Les 500 salariés de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) sont, eux, fonctionnaires et sont davantage tournés vers la prise de décisions en matière de sureté nucléaire. Entretenir 500 fonctionnaires pour motiver des décisions à la place du président omniscient ? Insupportable.

Que deux organismes soient indépendants, c’est contraire au fonctionnement de la Macronie. Tant pis si les dialogues entre ces spécialistes de haut niveau ont permis à la France d’être reconnue comme particulièrement efficace en matière de sureté de ses 58 réacteurs nucléaires, exploités par EDF. Tant pis si le modèle français, reconnu internationalement, a permis la prise de décision évitant les incidents et accidents grâce au souci de faire progresser en permanence la sureté.

Les salariés sont en colère : au moment où le parc nucléaire est vieillissant et où le président de la République souhaite en prolonger la durée, mais aussi la construction de six EPR2, il propose la fusion de l’IRSN et de l’ASN. Les salariés s’indignent et dénoncent le projet de loi « relatif à l’organisation de la gouvernance de la sureté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire ». Ils croyaient le projet de loi enterré après son rejet par l’Assemblée nationale au printemps 2023 ; mais, Macron, toujours méprisant et obsédé, a décidé de le ressortir. Le texte soumis à nouveau au Parlement, selon l’intersyndicale, fait « disparaître l’obligation légale de publication des avis techniques et scientifiques qui s’impose aujourd’hui à l’IRSN ». Argument balayé.

Pour le délégué CGT de l’IRSN, Philippe Bourachot, la fusion dans une Autorité de sureté nucléaire et de radioprotection (ASNR) « entraînerait une réelle perte de compétences » et risquerait de provoquer une défiance des citoyens à l’encontre de l’énergie nucléaire. Argument rejeté.

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, relève, elle, les dangers de l’obstination présidentielle : « A-t-il envie que le programme nucléaire français se transforme en nouveau Boeing ? Aux injonctions de productivité, comme cela est le cas à EDF où les délais sont extrêmement difficiles à tenir, les personnels seraient entravés dans leur travail d’expertise, de sûreté et de sécurité ». Argument infondé.

Macron ressortira-t-il à nouveau le 49-3 pour mettre les citoyens en danger ?