Diego Armando Maradona a su être la voix du petit peuple argentin des ‘’villas miseria’’, qu’on appelle ailleurs bidonvilles, favelas, townships, ciudades perdudas, chacaritas, ces habitats précaires où s’entassent ceux qui n’ont rien, loin des villes pour qu’on les voit le moins souvent possible.

Maradona, lui, a connu les conditions de vie difficiles et simples dans une de ces maisons branlantes où il partageait ses nuits avec ses six frères et sœurs dans une seule chambre, quand son père, un pauvre paysan, eut tenté de trouver de quoi nourrir sa progéniture dans la banlieue de Buenos-Aires.

Le petit Diego ou Dieguito a montré très tôt une rare dextérité avec un ballon dans les pieds ; il est rapidement devenu ‘El Pibe de Oro’’, le gamin en or. Il a su devenir le porte-parole de ces centaines de milliers d’Argentins qui peuplaient les villas miseria.

Il a tout connu très tôt (trop tôt), la gloire, l’argent et, aussi, les amis qui ne vous veulent pas que du bien, mais qui lorgnent sur votre compte en banque.

Maradona était un génie avec un ballon ; bien mieux que d’autres surdoués, il savait ‘’tuer’’ le ballon pour dompter ses rebonds capricieux et en faire ce que son extraordinaire imagination lui dictait.

Sa morphologie, il était petit, râblé et bien accroché au sol, lui facilitait les gestes les plus fous et les plus déroutants pour l’adversaire.

El Pibe de Oro a connu la gloire, mais Dieguito n’a jamais oublié ses racines. Il était la bête noire des Etats-Unis, dont il dénonçait l’impérialisme en Amérique du Sud ; il était l’ami de Fidel Castro, d’Hugo Chavez, puis de Nicolas Maduro, d’Evo Morales, de Lula. Il avait participé au ‘’sommet des peuples’’ à Mar del Plata en novembre 2005, vaste rassemblement altermondialiste. Il dénonçait la politique israélienne et ne manquait aucune occasion pour dénoncer l’occupation des territoires palestiniens et les bombardements de Gaza, notamment en 2014.

Il n’avait pas de mots trop durs pour condamner Trump et Bolsonaro.

Aujourd’hui, le monde du football pleure un de ses génies, mais tous les peuples de gauche pleurent l’un des leurs, modèle de fidèle à la fraternité et à la solidarité.

El Pibe de Oro est resté un gamin durant toute sa vie trop courte, mais s’il avait conservé sa candeur enfantine, l’homme avait su ne rien renier de ses origines. Son seul regret aura été de ne pas connaître l’éradication de la pauvreté.