Il est insupportable d’entendre le président de la République prononcer l’éloge de Philippe Pétain, péremptoirement, sans rendre de comptes à personne. Et de parler du maréchal Pétain.

Cette réhabilitation qui n’ose pas dire son nom en dit beaucoup sur l’hypocrisie d’Emmanuel Macron. Je ferai remarquer au président de la République que Pétain a été frappé d’indignité nationale en vertu d’une ordonnance du 26 août 1944 qui entraîne pour celui qui en est frappé la perte d’un certain nombre de droits, dont la perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations.

Emmanuel Macron ment donc en toute connaissance de cause en parlant du maréchal. Il n’ignore pas que Pétain n’a pas succombé à la collaboration avec Hitler et les nazis en raison de son implacable naufrage de vieillard cacochyme. Cette théorie de Pétain atteint de gâtisme est odieuse ; tout l’entourage de Vichy, des usurpateurs d’un pouvoir qu’ils s’étaient arrogés avec la bénédiction de veules politiciens de droite, n’était pas atteint par la maladie d’Alzheimer. En revanche, tous étaient mus par leur haine du peuple, du monde des ouvriers et de tout ce qui peut apparaître comme un progrès social (Plutôt Hitler que le Front populaire !). Et, comble de la honte, ils avaient versé dans l’antisémitisme sans barguigner, envoyant des millions de personnes dans les chambres à gaz d’Auschwitz et d’ailleurs.

Emmanuel Macron sait tout cela et, pourtant, il persiste, même s’il a dû reculer sur la question de l’hommage rendu à Pétain. La seule explication qui vaille c’est qu’il se positionne, lui aussi, comme le pourfendeur de tous les acquis du Conseil national de la Résistance (le CNR). 

S’en prendre la Sécurité sociale et au système de santé publique, au code du travail, aux Comités d’entreprise, à l’enseignement et à la formation continue, aux réfugiés, revenir à la guerre froide et rendre hommage à Pétain, c’est le symptôme du retour à une vieille droite revancharde, le fonds de commerce du nouveau monde de Macron et le retour des nostalgiques de la devise de Vichy, Travail, Famille, Patrie, qui, pour des raisons historiques inavouables, n’ont jamais accepté la démocratie par le peuple et pour le peuple.