Pascal Chevalier et Gautier Normand sont des noms qui ne parlent pas au ‘’grand public’’. Et pourtant !

Ces deux hommes se sont rencontrés en 2021 et, en dix ans, ils ont constitué le premier groupe de presse magazine en France, prenant le relais du groupe Lagardère qui s’est délesté de l’écrit en quelques années.

Les deux aventuriers ont racheté d’abord Marie-France au groupe Marie-Claire Album, puis une dizaine de titres à Lagardère, les magazines du groupe Mondadori en France, des sites puis des jeux vidéo. Puis ils ont mise en œuvre une philosophie exprimée d’une phrase laconique : « Je pense que régie publicitaire et rédaction doivent être fusionnées. » Sans que l’ARCOM ne juge utile de réagir.

De nombreux journalistes ont fui un groupe qui pratique aussi effrontément le mélange des genres. Les deux patrons n’en demandaient pas tant : ils ont remplacé les journalistes par des producteurs de contenus, c’est-à-dire des publi-reportages qui n’ont plus rien de journalistique.

Les patrons de médias français s’adressent à eux quand ils veulent se débarrasser d’activités dont ils estiment qu’elles ne sont plus assez rentables. Reworld Media est la poubelle des médias. Peu leur importe que les règles ethiques soient bafouées.

La dernière acquisition en date de Reworld Media, le groupe Unify racheté à TF1, qui recèle des sites prestigieux comme Doctissimo, Le Marmitton, aufeminin.com, mais aussi un site de jeu, Gamekult.

La réaction des journalistes de Gamekult a été mûrement réfléchie : les 9 journalistes en CDI et 17 des 19 journalistes rémunérés à la pige ont claqué la porte, imitant des salariés des autres activités.

Restera-t-il encore des journalistes demain dans les médias contrôlés par des patrons aussi peu scrupuleux que Bolloré, Chevalier ou Normand ?

Il serait peut-être temps de légiférer pour éviter les mélanges vénéneux de l’information et de la publicité.