Emmanuel Macron s’attaque à tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît. La culture, qui est le cadet de ses préoccupations, n’échappe pas à sa folie réformatrice.

Il avait commandé un rapport (comme dans l’ancien monde) sur le cinéma à son ministre de la culture ; celui-ci s’était empressé de confier la tâche à un producteur privé, Dominique Boutonnat. Résultat sans surprise assuré.

Le rapport est donc conforme à la commande : le cinéma français, le seul à avoir résisté à Hollywood, est en danger.

Le 7e art, en France, repose sur un système de financement unique (aides du CNC, crédit d’impôt, taxe sur les entrées en salle, aides publiques, etc.). Insupportable pour le libéral Macron. Le système est condamné au terme du réquisitoire ; il faut donc le réformer.

Dominique Boutonnat préconise un financement entièrement privé, dont il écrit qu’il doit être « un actif particulièrement intéressant pour des investisseurs financiers ». On ne parle plus d’œuvres mais de production de contenus. Le rapport a même oublié de parler de l’exception culturelle.

Tout est dit. Emmanuel Macron a décidé d’enterrer le cinéma français et particulièrement le cinéma d’auteur au bénéfice de ce qu’on appelle les blockbusters, c’est-à-dire les grosses productions qui dégagent des dividendes pour les investisseurs.

Un producteur, Christian Pfohl, furieux, estime que les solutions que propose le rapport sortent tout droit des écoles de commerce. Son propos est corroboré par Dominique Boutonnat qui parle de rapprocher le secteur du cinéma du reste de l’économie réelle. 

Un autre producteur dit, lui aussi, que : « Cette politique n’a rien de culturelle. Elle est l’application de la théorie néolibérale dans toute sa splendeur. »

La messe est dite. Le cinéma français est en grand danger.

Les auteurs risquent, demain, de ne plus pouvoir réaliser les films qui faisaient l’originalité du cinéma français et son contre-point au cinéma américain. C’est le rayonnement culturel du pays qui est en péril. Sans parler des réalisateurs étrangers qui venaient tourner leurs films en France en entretenant l’image d’un pays ouvert, un creuset des cultures du monde.

Emmanuel Macron, c’est la politique de la terre brûlée, la fin d’une tradition née dans la patrie du cinéma des Lumière et Méliès, de la Cinémathèque française et un festival de Cannes né avec le Front populaire.

Marie Masmonteil, productrice et vice-présidente du Syndicat des producteurs indépendants, a pu déclarer : « Si on entre dans une logique ultralibérale avec des critères d’industrie, d’argent privé, de taille critique, du ‘’trop de films’’, le Festival de Cannes n’aura que des blockbusters à présenter. »

Le grand œuvre de Macron dans toute sa bêtise .