Les compétitions officielles de football ont repris avec la finale de la Coupe de France. Mais j’ai ressenti un malaise : la rencontre avait-elle vraiment de l’intérêt quand le pays est en crise, sanitaire et économique ? Quand le fric étalé est une insulte aux centaines de milliers de chômeurs qui vont venir grossir les statistiques de Pôle emploi.

Le match entre le PSG et Saint-Etienne s’est joué devant 5 000 spectateurs seulement (dans un stade de 80 000 places), alors que, dans le même temps, la famille de Villiers se permettait d’entasser près de 30 000 personnes venues assister au très réactionnaire et révisionniste spectacle du Puy du Fou.

J’ai ressenti un profond malaise en constatant la composition de l’équipe prétendument parisienne : au coup d’envoi, il n’y avait qu’un seul joueur français (mais quel joueur !), Kylian Mbappé ; lui sorti du terrain pour cause de blessure, il a fallu un autre blessé, l’Allemand Kehrer, pour voir opérer un autre joueur français, Dagba.

L’équipe composée par les représentants de l’émir du Qatar comptait 3 Brésiliens, 3 Argentins et 6 joueurs venant du Costa Rica, du Sénégal, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Italie et d’Espagne. Cette équipe est à l’image des responsables du club : le patron est qatari, le directeur sportif est brésilien et l’entraîneur est allemand.

L’équipe, cosmopolite, a été bâtie à coups de millions (voire de milliards) pour remporter des trophées, dont la Coupe d’Europe, brandis par un émirat dont la politique étrangère repose sur le sport. Le spectacle n’est pas toujours au rendez-vous, car l’argent ne rend pas un footballeur meilleur ; en revanche, il permet d’acheter les meilleurs.

Malaise aussi quand on connaît par avance le vainqueur du match ; l’effectif de l’équipe parisienne est l’un des plus brillants du monde : il repose sur un budget de 637 millions d’euros pour la saison 2019-2020 quand celui de Saint-Etienne n’est que de 100 millions, soit plus de six fois moins.

Quand le football est entre les mains du fric et de la politique d’un émirat, le sport est avili, rabaissé à des intérêts financiers et politiques. L’argent qatari du PSG est une insulte (une de plus) aux milliers de clubs amateurs dont on ne sait pas aujourd’hui s’ils pourront accueillir à nouveau des pratiquants après la crise, faute de subventions.

Le président de la République était présent au Stade de France, sa ministre des sports aussi ; Emmanuel Macron était tout sourire, se pavanant en se faisant présenter les joueurs et au moment de la remise des récompenses. A-t-il eu, ne serait-ce qu’un instant, une pensée pour les millions de sportifs et de dirigeants obligés de mendier auprès d’hypothétiques sponsors pour permettre de continuer à pratiquer ? J’en doute. Dans une société néolibérale, les gouvernants n’ont pas plus de considérations pour les sportifs que pour les gens de culture.