Insultez les journalistes, mais « ne les lynchez pas : ne leur parlez pas, ne les lisez pas et ne les regardez pas ». Je ne fais que reprendre, ici, les injonctions de Sophia Chikirou, une politicienne implacable, insoumise et particulièrement avertie, adressées aux lecteurs de Facebook ! Comment pourrait-on vivre sans ses conseils.

Mme Chikirou a connu un parcours qu’on pourrait qualifier de sinueux. Adhérente du Parti socialiste, porte-parole de Laurent Fabius, puis exclue ; elle adhère à la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel, autre transfuge du PS, et, dans le sillage de son nouveau mentor elle soutient Sarkozy sans adhérer à son programme, avant de rompre. Enfin, elle rejoint Jean-Luc Mélenchon, revenant ainsi à ses premiers engagements. C’est dire si elle est maîtrise l’art du grand écart.

Elle a fondé Le Média, un prétendu journal télévisé alternatif, dont elle sera chassée par les salariés.

Mais d’où vient  cette attitude agressive vis-à-vis des journalistes d’une jeune femme qui a toujours gravité dans les milieux de la communication et de l’information ? A l’en croire, le journalisme et les journalistes c’est du n’importe quoi.

Elle affirme sur Facebook  que « Leur niveau de corruption mentale, leurs mensonges et la désinformation qu’ils nous imposent, sont autant d’éléments qui justifient la colère. »

Il ne s’agit plus de colère, mais d’invectives fruits d’une imagination surchauffée. Mme Chikirou ne devrait pas feindre d’ignorer que les conditions de travail imposées dans les rédactions par les milliardaires qui ont fait main basse sur tous les grands médias se sont détériorées. De cela, pourtant, elle ne dit rien. Elle préfère s’en tenir à une attitude négative vis-à-vis des journalistes. 

Les journalistes sont-ils assez combatifs ? Assurément non. Quand on examine le contenu de l’information plutôt que de la consommer on est en droit de s’interroger sur la fabrique de l’information dans un monde libéral ; mais cela donne-t-il pour autant le droit à Mme Chikirou d’insulter les reporters et de donner l’exemple à certains gilets jaunes.

Cette saillie est du niveau de Trump, ou pas ?