Ma première réaction après l’annonce de la composition du nouveau gouvernement aura été de m’esclaffer : « N’importe quoi ».

La locution nominale est certes un peu triviale et même un peu courte pour rassembler tous les sentiments qui m’ont traversé l’esprit ; mais, je n’ai rien trouvé de mieux à dire. Car tout a été dit, mieux que je ne saurais le faire sur ce virage à droite de Macron, sur un gouvernement Sarkozy IV, sur de la communication de mauvaise qualité et sur une pantalonnade qui en dit long sur l’agonie de la Macronie.

Je voudrais cependant m’arrêter néanmoins sur quelques réflexions que la composition de ce gouvernement m’inspire.

En premier lieu, il est sexiste ; les grands ministères régaliens (économie, intérieur, justice et affaires étrangères) sont attribués aux hommes.

Ensuite, les nominations de trois femmes dans des ministères élargis (santé et travail, éducation nationale et sport, culture) sont déjà entachées.

Catherine Vautrin est une ex-ministre de Chirac qui s’est signalée en participant à la Manif pour tous de sinistre mémoire. Sa présence ne va rassurer ni les femmes, ni les homosexuels.

Amélie Oudéa-Castera est très liée à la finance et aux grands groupes industriels. Mais, plus encore, ses trois fils sont scolarisés au trop célèbre Collège Stanislas, établissement privé catholique intégriste, visé par une enquête pour des problèmes à caractère sexuel et homophobe (le rapport n’a jamais été dévoilé). Le président scolarisé chez les Jésuites ne trouve là rien d’anormal. Les défenseurs de l’école publique en revanche peuvent se préparer à se mobiliser ; Gabriel Attal (élève de l’école alsacienne) et Amélie Oudéa-Castera vont bientôt sortir leurs lois !

Enfin, Rachida Dati, qui n’a jamais cessé de fustiger les traîtres du parti En Marche ou de prétendre que l’alliance avec lui, c’est le baiser de la mort, a passé un accord avec Emmanuel Macron directement. Sans aucune gêne. Qu’elle soit mise en examen pour corruption passive, trafic d’influence passif et recel d’abus de pouvoir pour des prestations de conseil à Carlos Ghosn ne pose aucun problème à un président d’une République qui se voulait exemplaire.

Alors, oui, n’importe quoi.

Et, hélas, ces magouilles de basse politique politicienne ne servent qu’un parti, le Rassemblement national. Il compte les voix qu’elles lui rapportent.

J’enrage et je maudis une gauche introuvable.