La France a perdu 100 000 exploitations agricoles en dix ans, selon le dernier recensement agricole qui date de 2020. Aujourd’hui, on ne dénombre plus que 389 000 exploitations en métropole.

Les chiffres, secs, sont inquiétants. Mais ils dissimulent une autre réalité : nous importons chaque jour davantage de quoi nous nourrir ; par exemple nous achetons à l’étranger plus de 50 % de la viande ovine, 35 % des volailles, 27 % de porcs, 22 % de bœufs, mais aussi 41 % de fruits dits tempérés et, surtout, 94 % de poissons et produits de la mer.

L’assiette française dépend de la production étrangère, alors que le pays reste le premier producteur agricole de l’Union européenne et que les statistiques révèlent quelques aberrations inquiétantes, citées par le cabinet d’expertise économique Xerfi. « Alors que la France est le premier exportateur mondial de pomme de terre et dégage un confortable excédent de 591 millions d’euros, elle est déficitaire de 322 millions d’euros pour les produits transformés à base de pomme de terre, hors fécule. Idem, le solde est positif de 300 millions d’euros environ pour les pommes mais négatif pour le jus de pomme de 85 millions d’euros. »

L’industrie agro-alimentaire française est passée sous contrôle de grands groupes multinationaux qui n’hésitent pas, comme dans d’autres secteurs d’activité, à délocaliser dans des pays comme l’Allemagne et la Hollande qui font massivement appel aux travailleurs détachés et précaires, sous-payés et placés dans un état proche de l’esclavagisme moderne.

L’union européenne n’y voit rien d’anormal. Le gouvernement français non plus, pour qui la loi du marché est la seule référence.

La France a perdu son potentiel industriel et perd son potentiel agricole. Inquiétant.