Ce qui a été présenté comme un débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen a confirmé que nous vivons dans une société violente et agressive parce qu’antisociale.

Les deux chaînes de télévision diffusant le triste spectacle d’un monde en décomposition avaient fait assaut de superlatifs pour persuader les citoyens que, oui, ce moment était un élément de la démocratie et qu’il allait déterminer le choix des électeurs encore indécis. De cela, rien n’est advenu.

Le président jupitérien et arrogant ne s’est pas départi de son arrogance (sans convaincre qu’il allait changer) ; la digne descendante de la famille réactionnaire n’a pas pu s’empêcher de revenir au discours raciste du patriarche (sans convaincre qu’elle était le meilleur défenseur de la veuve et de l’orphelin).

Mais, diable, comment a-t-on pu en arriver là ? Comment le pays des Lumières a-t-il pu engendrer un personnel politique aussi médiocre ?

Macron a pu invoquer ces Lumières quand le débat s’est porté sur la laïcité, ses paroles sonnaient faux ! Rousseau, Voltaire, Diderot et les autres ne maniaient pas le mépris pour ceux qui n’ont rien : ils voulaient les émanciper et leur faire quitter leur état de tutelle. Un autre monde !

Aucun des deux candidats n’a eu l’audace de dénoncer la corruption intrinsèque de la société dont ils prétendent être les plus brillants représentants, trop soucieux de défendre ‘’leur’’ monde, celui des riches, de la finance et des passe-droits.

Hier, Deliveroo était condamné pour travail dissimulé, aujourd’hui c’est la baron Ernest-Antoine Seillière, ancien président du Medef et du groupe Wendel, devenu société d’investissement après avoir abandonné la sidérurgie lorraine, qui se voit infliger une peine de trois ans de prison avec sursis pour fraude fiscale, avec onze autres cadres. Ils avaient imaginé un programme pour faire échapper un bénéfice de 315 millions d’euros à une taxation de 30 %. Un simple détail pour ces milliardaires.

Ni Macron, qui était allé ‘’pantoufler’’ à la banque Rothschild, ni Le Pen, qui a quelques ennuis financiers avec le Parlement européen, n’avaient choisi ce thème de débat. Dans leur monde, il y a des sujets tabous, des secrets de famille et des secrets d’Etat. On sait rester discret, très discret.

Face à ce triste spectacle, il est urgent de se poser la question : où est la gauche ? Elle se déchire encore à propos des élections législatives quand la maison brûle et que les citoyens se détournent des urnes.