Simone Bitton est juive ; née à Rabat, elle a la double nationalité franco-marocaine.  Emigrée en Israël en 1966 avec sa famille, elle a fait la guerre du Kippour en 1973 dans les rangs de Tsahal ; elle en est sortie avec un fort engagement pacifiste.

Réalisatrice de documentaires, notamment sur le conflit israélo-palestinien, elle se déclare à Télérama « doublement atteinte par ce qui se passe ».

Elle avoue n’avoir « vraiment aucune sympathie » pour les leaders du Hamas, « ni pour les moyens qu’ils emploient, ni pour le projet de société terrible qu’ils offrent aux Palestiniens, mais il faut bien comprendre que le réservoir de chair à canon qui compose les rangs des combattants du Hamas ne se tarira que si la politique d’Israël à l’égard de la Palestine change. »

Evidemment, elle condamne les actes commis par le Hamas ; pour elle, il s’agit de crimes de guerre. Simone Bitton constate que « pour en arriver là, il faut clairement avoir été soumis à un haut niveau d’endoctrinement religieux, mais aussi être dans un désespoir inouï ».

Il faut entendre les paroles d’une femme, juive, mais pacifiste : « Je suis affligée par les réactions de la classe politique française. Je ne dis pas que la France peut résoudre le conflit israélo-palestinien d’un coup de baguette magique, mais la moindre des choses qu’on peut demander à la communauté internationale est précisément de ne pas sombrer dans l’émotion facile et de proposer des solutions. Rappelons qu’Israël bafoue une loi internationale depuis des décennies. »

Paroles rares parmi la communauté juive et, surtout, dans la classe politique française qui a sombré dans l’émotion facile !

Simone Bitton appelle à la négociation entre les deux parties, mais on sent chez elle un certain désarroi et beaucoup de pessimisme : « Une chose est sûre : si les Palestiniens n’accèdent pas à un minimum de liberté, d’indépendance et de dignité, alors le pire est encore devant nous. »

Hélas, les politiques occidentaux et israéliens ne semblent pas prêts à accepter l’idée même de création d’un Etat palestinien comme le souhaite Simone Bitton. Faut-il donc se résigner à attendre le pire ?