La pandémie du coronavirus met au jour les trop nombreuses turpitudes du système dans lequel nous vivons. Par exemple, la situation kafkaïenne dont sont victimes les salariés employés par les entreprises de sureté dans les aéroports.

On apprend donc que des sociétés privées sont chargées d’une mission de service public régalienne par délégation des aéroports. Dans un Etat autoritaire, très porté sur les questions de sécurité, il est surprenant de constater que la porte d’entrée sur le territoire national est confiée à des sociétés privées sous-traitantes.

On apprend aussi que les dites sociétés sont en difficulté en raison d’un modèle de financement aberrant au terme d’un parcours ubuesque : une taxe est prélevée par les compagnies aériennes sur le prix de chaque billet, qui elles-mêmes la reversent à l’Etat, qui elles-mêmes la reverse aux aéroports, qui elles-mêmes rémunèrent les sociétés de sureté. Pourquoi faire simple ?

En raison de la pandémie, certains aéroports ont fermé, comme celui d’Orly ; d’autres ont vu leur activité s’effondrer, comme celui de Roissy. Résultats : sans trafic aérien, pas de recettes, donc pas de chiffre d’affaires et les sociétés de sureté sont dans le rouge.

Les patrons des entreprises ont alerté le gouvernement, mais ce sont les salariés qui sont les plus à plaindre. Au chômage partiel, pour l’instant, combien seront-ils à retrouver leur emploi si le trafic aérien tarde à redécoller ?

Ils viendront grossir les cohortes des chômeurs qui, comme eux, sont les autres victimes du coronavirus.

Avec l’ubérisation, le système a développé la sous-traitance pour faire pression sur les salaires et s’exonérer des questions sociales et particulièrement de l’emploi. A entendre Emmanuel Macron, Bruno Le Maire ou encore Muriel Pénicaud, il n’est pas question, pour l’instant, de mettre un terme à un système de relation sociale pervers, profitable aux seuls patrons.

L’Etat néolibéral appelle les entreprises à être exemplaires ; mais ses injonctions ne sont jamais suivies d’effet. Il est difficile d’imposer des règles draconiennes quand on s’exonère soi-même des règles sociales les plus élémentaires et qu’on casse le code du travail !

Les agents de sureté des aéroports ne sont pas des héros ; ils n’ont pas été applaudis. Ils sont des milliers à être oubliés et des centaines de milliers partagent leur sort dans les autres secteurs d’activité. C’est la loi du capitalisme : on cache ce qu’on ne veut pas voir pour mieux exploiter. Ignoble loi.