Un étudiant de 22 ans s’est immolé par le feu devant les bâtiments du CROUS à Lyon. Il a laissé une lettre dans laquelle il écrit :
« Aujourd’hui, je vais commettre l’irréparable (…) Cette année, faisant une troisième L2, je n’avais pas de bourses, et même quand j’en avais, 450 € par mois, est-ce suffisant pour vivre ? »
Ce garçon était un militant syndical ; il luttait, mais au bout de son combat, il a cédé pour commettre l’irréparable, un geste ultime dont il rend les politiciens responsables :
« J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes ; j’accuse aussi Le Pen et les éditorialistes d’avoir créé des peurs plus que secondaires. »
Il a commis l’irréparable et son geste a été médiatisé, mais combien de victimes ce capitalisme-là fait-il chaque jour sans que les médias n’en parlent.
Aujourd’hui, il lutte contre la mort et son geste attire l’attention sur la situation d’une jeunesse sacrifiée, les lycéens qui après avoir échoué au bac n’ont toujours pas trouvé d’établissement pour redoubler, les bacheliers qui n’ont toujours pas reçu de proposition d’affectation (ou ceux qui ont été orientés vers des filières qu’ils ne souhaitaient pas) et de ceux qui, diplômés ou pas, ne connaissent que Pôle emploi.
L’étudiant lyonnais a accusé les éditorialistes. A juste titre. Chaque jour, sur des chaînes d’information en continu, les salauds ont micro ouvert quand les syndicalistes sont interdits.
Ainsi, la semaine dernière, dans l’émission de LCI 24h Pujadas, la chroniqueuse Julie Graziani, militante de la Manif pour tous et autres cénacles catholiques extrémistes, a pu déclarer en fustigeant une célibataire avec deux enfants vivant avec le SMIC, ayant eu l’outrecuidance d’interpeller Macron :
« C’est sûr qu’elle ne s’en sort pas à ce niveau là (…) Je ne connais pas son parcours de vie (…) Qu’est-ce qu’elle a fait pour se retrouver au SMIC ? Est ce qu’elle a bien travaillé à l’école ? Est-ce qu’elle a suivi des études ? Puis si on est au SMIC, il ne faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas là (…) Quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés et des boulets sur des boulets, on se retrouve dans des problèmes (…) Je ne dis pas que c’est forcément elle qui a divorcé. Peut-être que son mari l’a quitté (…) On assure ses arrières aussi (…) Il faut prendre sa vie en main. Il faut arrêter de se plaindre et il faut arrêter d’empiler les difficultés. »
Pujadas n’a pas eu un mot de réprobation. Normal, on était sur LCI, une chaîne Bouygues.
Le monde des riches, dorloté par Macron, ne peut pas comprendre la vie des pauvres. Le fossé est immense et il se creuse chaque jour davantage.
A Lyon, l’administration de l’université ignorait la situation de son étudiant ; à Paris, une chroniqueuse crache sur les pauvres. Le monde de Macron dans toute sa splendeur. Le monde de Macron dans tout son mépris pour la jeunesse et ceux qui n’ont rien.