La situation en Afghanistan est bouleversante ; des centaines de milliers de citoyens cherchent à fuir la dictature théocratique et les gouvernements occidentaux sont sourds à leur drame.

Les propos solennels du président de la République à la télévision, appelant à « anticiper et à nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants » sont choquants et indignes du pays des Droits de l’Homme. Cimade, GISTI, Ligue des droits de l’homme, Syndicat des avocats de France, Syndicat de la magistrature et Avocats pour la défense des droits des étrangers ont dénoncé des mots qui ne visaient qu’à rassurer (et rallier) un électorat de la droite extrême. Le collectif Pouvoir féministe s’est indigné : « Comment expliquer que le mot femmes n’apparaisse pas une seule fois dans le texte ».

Que dire aussi des paroles du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, attendant un « gouvernement bien équilibré : les talibans extrémistes, les talibans modérément extrémistes mais quand même, les talibans fondamentalement ultra-conservateurs, les talibans modérément libéraux puisque extrémistes (…) Il faut un gouvernement inclusif qui montre que les talibans ont changé. » Un sommet de bêtise, inquiétant de la part d’un ministre des affaires étrangères, qui se réclamait du Parti socialiste.

Les paroles scandaleuses d’Emmanuel Macron ont permis aux réactionnaires de se sentir autorisés à déverser leur logorrhée xénophobe et raciste à l’image de Christian Estrosi, le maire de Nice : « Non, je ne suis pas prêt à recevoir de réfugiés chez nous, c’est clair. Notre ville a été victime ces dernières années du terrorisme de manière considérable ». Abject.

Estrosi qui a fait campagne récemment contre le Rassemblement national dans sa région, est-il fier de partager les mêmes arguments que le tristement célèbre Stéphane Ravier qui déclare, lui, que « La victoire des talibans, aussi tragique soit-elle, n’oblige en rien la France à accueillir des migrants afghans. La priorité absolue des pouvoirs publics devrait être de protéger les Français de ce tsunam migratoire qui vient ».

La rhétorique qui assimile les réfugiés à des terroristes est celle de la famille Le Pen et de tous les racistes patentés comme Zemmour depuis de trop nombreuses années. Faut-il leur rappeler que ceux qui fuient les talibans sont eux aussi victimes du terrorisme et non des terroristes.

Décidément, nous sommes de plus en plus mal gouvernés quand Emmanuel Macron va puiser ses arguments pour la prochaine élection présidentielle dans les poubelles de Le Pen, père, fille et petite fille.

Le peuple afghan souffre ; le peuple de France est maltraité quand on tente de flatter les instincts les plus bas.