Pourquoi avoir voulu relire Mon année dans la baie de Personne de Peter Handke ? Parce qu’il a reçu le prix Nobel en 2019 ? Parce que ce livre est considéré comme son grand œuvre ? 

J’avoue : ce n’est pas mon livre préféré de Handke. Cette nouvelle lecture me l’a confirmé.

Ô, certes, je suis toujours émerveillé par son écriture et par ses descriptions ; mais j’ai eu toutes les peines du monde à entrer à nouveau dans ce ‘’Conte des temps nouveaux’’ (son sous-titre). Le malaise est toujours aussi grand qu’après la première lecture, il y a quelques années.

Peut-être parce que le monde du plus Français des auteurs autrichiens et ses réflexions sur la vie ne sont pas les miens. S’il pose beaucoup de questions sur le sens de la vie, ses relations aux autres, notamment celles du narrateur avec sa femme et son fils, Handke m’interpelle. Au fond, j’y ai vu un certain égoïsme et une forme d’égocentrisme, à moi inconnus. Il décrit le monde qui l’entoure, ces collines de la banlieue parisienne, comme un entomologiste pointilleux mais avec détachement, presque avec dédain. Il ne se mêle pas à la vie sociale, préférant la banalité de sa vie recluse (ou presque) ; il se complaît dans la forêt (alors, là, quelles pages merveilleuses dans lesquelles aucun détail ne lui échappe) et s’exclut de la vie quotidienne. Malgré ses rencontres avec des SDF, malgré ses sept amis, malgré le banquet final dans la  »baie de Personne ».

Peter Handke est spectateur du monde. Posture facile qui me hérisse.

Au total, livre étrange qui m’a fait encore mieux apprécier ses autres œuvres comme La femme gauchère, L’angoisse du gardien de but au moment du pénalty, par exemple.