La lutte de classes a redoublé d’intensité avec Emmanuel Macron. Il revient sur tous les acquis sociaux en appliquant le programme des patrons. Il se dévoile chaque jour davantage comme le valet attentionné du libéralisme débridé.

Aujourd’hui, les lycéens ont disserté sur l’épreuve de philosophie du baccalauréat ; le moment est propice pour s’interroger sur les réformes en cours au lycée et notamment en ce qui concerne le premier diplôme universitaire, le bac, ouvrant à son lauréat de pouvoir s’inscrire (théoriquement) dans la faculté de son choix.

L’enseignement de la philosophie est particulièrement visé par la réforme. Sans entrer dans la détail, le ministère porte un coup fatal à la discipline : les lycéens des filières littéraires n’auront plus que 4 heures au lieu de 8 et les autres 4 heures au lieu de trois.

Les enseignants s’en émeuvent et, à juste titre, multiplient les pétitions, notant, par exemple, que les élèves n’auront plus la possibilité d’étudier des œuvres complètes, mais devront se contenter de simples extraits, effleurant une pensée et des opinions au lieu d’apprendre à penser et à approfondir sa formation par la culture.

Dans l’Humanité, Michel Bouton, professeur de philosophie  relève :

« Rien d’étonnant à cela, car c’est bien la logique de l’employabilité, couplée à celle d’économies budgétaires par la réduction des postes, qui pourrait être le ressort caché de cette réforme. Or, la philosophie est ici doublement gênante. D’une part, ce qu’elle transmet conduit peu à l’employabilité ; mais, qui plus est, elle la conteste comme finalité suprême. « Si ce fut bien pour échapper à l’ignorance, écrit Aristote, que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, c’est qu’évidemment ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire. » La philosophie ne répond pas aux exigences de l’utilité, mais à celles de la construction de soi grâce à la culture et à l’exercice du jugement. Elle va même jusqu’à défendre que c’est là le but de la scolarité dans son ensemble. Pour un monde dominé par une visée économiste et technocratique, la quête de sagesse ne peut, au contraire, que constituer un ‘’ailleurs’’, un ‘’antimonde’’ et par conséquent une menace, voire un ébranlement sismique dont il faut par tous les moyens se préserver ! »

C’est une évidence, défendre l’enseignement de la philosophie relève de la lutte de classes !