Geoffroy Roux de Bézieux ne fait pas de politique ; il faudrait le croire sur parole, car le MEDEF n’aurait qu’une ambition, celui du développement des entreprises pour le plus grand bonheur des salariés. On ne lui fera jamais avouer que les actionnaires, les dividendes, les retours sur investissement sont ses obsessions prioritaires.

Même les décisions de supprimer des emplois et les délocalisations ne visent qu’à préserver ceux (très rares) qui restent dans l’entreprise.

M. Geoffroy Roux de Bézieux ment effrontément : il fait de la politique, en permanence. Le MEDEF n’a jamais été créé pour faciliter un hypothétique ‘’dialogue social’’ et améliorer le sort des salariés. Le MEDEF est l’organisme de lobbying du patronat et seulement cela, l’agence de promotion d’un capitalisme sans entrave, qui s’exonère du droit du travail. Ses visées sont politiques, c’est-à-dire une société où la concurrence est libre et non faussée.

L’ancien élève du très huppé et très traditionnaliste collège Sainte-Croix de Neuilly est bien né. Son accession à la présidence du MEDEF s’inscrit dans un parcours tout entier dédié au bonheur des patrons.

Vient-il de commettre un faux-pas en invitant Marion Maréchal à la REF (Rencontre des entrepreneurs de France, nouvelle appellation de son université d’été) sur l’hippodrome de Longchamp en août prochain ? Assurément pas.

Il se défend en parlant « d’interprétation politique qui est faite du projet de débat sur la montée des populismes » ; le MEDEF ne faisant pas de politique, l’invitation à la jeune descendante de la tribu du parc des milliardaires du parc de Montretout à Saint-Cloud n’aurait donc eu aucune arrière-pensée politique, au moment où celle-ci s’affiche avec des élus du parti Les Républicains en vue de créer un large rassemblement de tout ce que la France compte de réactionnaires, racistes, antisociaux et de suppôts de la Manifestation pour tous.

Geoffroy Roux de Bézieux a dû retirer l’invitation à Marion Maréchal, mais le mal est fait. Certes, l’histoire ne se répète jamais, mais faut-il rappeler au président du MEDEF que ses prédécesseurs au Comité des Forges (l’ancêtre du MEDEF), en 1936, avaient déjà affiché leurs préférences en combattant le Front populaire en ressassant un slogan tristement célèbre.

Aujourd’hui, ce sinistre personnage renoue avec le passé peu ragoutant du patronat en faisant la promotion de la politique du pire : pour lui, Marion Maréchal et au-delà le Rassemblement national sont fréquentables et peuvent compter sur le soutien du MEDEF.

Les patrons peuvent bien changer le nom de leur groupement et même le nom de leur rassemblement estival, sur le fond, ils n’ont rien abdiqué.