Possible ? C’est ce que vient de démontrer le peuple américain ou plutôt ses militants progressistes qui ont su se mobiliser pour convaincre ceux qui, hier, ne votaient pas et ceux qui, aujourd’hui, ne font pas confiance à Biden pour régler leur triste sort, de s’exprimer pour évacuer Donald Trump de la Maison Blanche.

Le résultat de leur mobilisation a permis d’enregistrer la plus forte participation de l’histoire des Etats-Unis. Beaucoup d’observateurs avaient laissé penser que le peuple américain avait été anesthésié par Trump ; l’erreur est grossière, car les peuples, quand ils sont informés, ont des capacités de réflexion et de réaction insoupçonnées. Le peuple américain a démontré une intelligence qu’on lui dénie souvent.

L’exemple sera-t-il retenu en France en 2022 pour chasser Emmanuel Macron de l’Elysée ?

Impossible ? C’est le titre du dernier et merveilleux roman d’Erri De Luca. Roman n’est peut-être pas le mot le plus approprié ; l’écrivain italien nous offre plutôt un livre proche des contes philosophiques de Voltaire, dans lequel il traite tous les problèmes qui ont jalonné sa vie de militant politique engagé.

Impossible ? C’est ce que répond le narrateur à un juge qui le soupçonne du meurtre d’un ancien camarade de combat (et qui a trahi). Impossible pour le juge-accusateur qui tente de piéger l’ex-militant-accusé d’obtenir des aveux. Le juge, donc, symbole d’un vieux monde, ne peut pas comprendre que l’accusé puisse être encore fidèle à des valeurs humanistes de fraternité et d’altermondialisme, mais aussi de morale dans une société inégalitaire.

Le narrateur, comme Erri De Luca, est un montagnard qui se ressource dans les Dolomites, autre symbole que le juge ne connaît pas ; le narrateur lui administre une leçon d’élévation de la nature humaine à laquelle l’homme du passé est totalement imperméable.

Dans son précédent roman, Le tour de l’oie, Erri De Luca, dialoguait avec un fils imaginaire ; là, il dialogue entre les auditions, dans sa cellule, avec celle qu’il aime (Ammoremio) en écrivant des lettres sublimes, lui permettant de s’interroger sur l’amour durant les longues heures de solitude en prison (une situation qu’il a connue durant sa jeunesse de militant anticapitaliste).

La forme de ce roman est originale : Erri De Luca retranscrit l’interrogatoire du juge comme s’il s’agissait d’un procès-verbal d’audition, mais quelle langue admirable pour atteindre des sommets de réflexions philosophiques : peut-on atteindre sa propre liberté, sa propre vérité et la plénitude de sa personnalité.

Dans ce livre, Erri De Luca est au sommet d’une écriture qui devait lui valoir le prix Nobel dans les meilleurs délais.