Le 14 juillet 2019, c’est-à-dire 230 ans après la prise de la Bastille par le peuple de Paris, la signification profonde de la fête nationale a été profondément dénaturée plus encore que les années précédentes. On a parlé d’hommage aux armées, aux soldats blessés, de concorde nationale, mais jamais du premier acte de la Révolution française.
En histoire, on pourrait parler de révisionnisme.
Le 14 juillet 1789, ce sont des milliers de Parisiens qui convergent d’abord vers les Invalides pour prendre les fusils, puis vers la Bastille (symbole de l’arbitraire) pour faire main basse sur les munitions. Mais c’est surtout une révolte contre l’absolutisme et l’arbitraire, contre les privilèges, contre la misère, contre la rumeur d’une répression par l’entourage de Louis XVI visant les députés des Etats Généraux réunis à Versailles.
Ces révoltes ont une résonnance particulière aujourd’hui, dans un contexte de crise politique et économique, de chômage de masse, de misère pour les millions de citoyens vivant sous le seuil de pauvreté, mal logés et sans papiers, de révélations quasi quotidiennes de privilèges répétés, etc.
Emmanuel Macron lui-même symbolise un pouvoir autiste, que l’organisation d’un prétendu ’’grand débat’’ n’a pas contribué à faire oublier. Ses petites phrases contre les gens qui n’ont rien et qui ne sont rien, par leur répétition, ont créé un malaise profond dans la société. On lui reproche sa suffisance, mais aussi son gouvernement de la France par ordonnances, à la façon des édits royaux.
On lui reproche aussi ses comparaisons avec Jupiter et une déclaration au journal Le 1 du 8 juillet 2015 le poursuit encore :
« La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au coeur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. »
C’est à la lumière de cette déclaration et des analyses de la situation de la France qu’on peut expliquer cette volonté assumée de détourner, aujourd’hui, les symboles du 14 juillet 1789.
Emmanuel Macron prétend écrire une nouvelle page de l’histoire de la France quand il ne fait que gérer les privilèges des ultra-riches et des multinationales. Que sauver le capitalisme sauvage.
La lutte contre le pouvoir de Macron ne pourra pas ignorer la question de la réhabilitation du 14 juillet, premier acte de la glorieuse Révolution française.