Emmanuel Macron, dans sa solitude de l’Elysée, vient d’annoncer la suppression de l’Ecole nationale d’administration (ENA). Les communicants de la présidence de la République lui ont conseillé un nouveau coup de publicité, en pleine polémique sur les festins clandestins, en pleine polémique sur la gestion de la pandémie et de la campagne de vaccination, en pleine polémique sur la crise économique et la réforme de l’indemnisation du chômage, etc.

Un coup de pub largement relayé par les médias, toujours à la solde de Jupiter ; la campagne va durer quelques jours, avant de céder la place à une autre.

Coup de pub ? Pas seulement.

L’image de l’ENA est écornée et Macron détourne l’attention sur les véritables raisons de sa décision. Anicet Le Pors, ancien ministre de la fonction publique, confie aujourd’hui dans L’Humanité qu’il s’agit d’une décision démagogique destinée « à faire diversion à la réforme de la fonction publique. L’idée est de tout changer pour que rien ne change au niveau de la fabrication des castes. » Il ajoute : « Je crois qu’il est à un degré de vanité tel qu’il refuse d’être le produit d’une cause identifiable, aussi prestigieuse soit-elle. »

Anicet Le Pors rappelle également « qu’à gauche, on a longtemps vu dans l’ENA une manière d’être progressiste par rapport au système de recrutement népotique qui existait avant. »

La création de l’ENA avait été préparée par une Mission provisoire de réforme de l’administration, dirigée par Maurice Thorez, vice-président du conseil des ministres et secrétaire général du Parti communiste et c’est lui qui, après la démission de De Gaulle en janvier 1946, mènera à son terme la réforme de l’administration et l’élaboration du statut de la fonction publique ; la direction provisoire de l’ENA étant confiée alors à Michel Debré.

Est-ce cela, aussi, que veut effacer Macron ? Tout en préparant sa loi de transformation de la fonction publique pour mettre au pas (libéral) tous les fonctionnaires ?

Sans doute et on peut être inquiet du résultat.