Après la lecture de la chronique hebdomadaire (sur Internet) du directeur de la rédaction du quotidien La Tribune, Philippe Mabille, on tire la conclusion que les milieux économiques et patronaux sont à la fois inquiets pour les entreprises et dépités par la politique d’Emmanuel Macron.
Sous le titre « Un président devrait-il parler de fin de l’abondance ? », Philippe Mabille attaque sa chronique par une phrase tonitruante : « Emmanuel Macron a trouvé sa nouvelle ligne politique : nous pourrir la vie ». Au sujet du discours présidentiel devant le conseil des ministres de rentrée qu’il qualifie de « glaçants », le journaliste dénonce « des propos étonnants de la part d’un président champion estival du jet ski quand le ministre des transports, Clément Beaune, dénonce l’usage abusif des jets privés par les milliardaires. Quand on appelle chacun à ne pas céder à la démagogie, peut-être faut-il commencer par se l’appliquer à soi-même ». Merci de l’avoir écrit !
Philippe Mabille assume ses propos et ajoute : « L’objectif, on le mesure bien, n’est pas de casser le moral des troupes : le chef de l’Etat use et abuse comme à son habitude de la dramatisation (souvenons-nous du martial ‘’nous sommes en guerre’’ de mars 2020) pour appeler à la mobilisation : la solution est en toi, peuple de France, il va juste falloir travailler plus, pas forcément pour gagner plus, mais pour avoir un toit bien chauffé cet hiver ». Et d’asséner : « Bref, on l’aura compris, la fin de l’abondance a bon dos, elle prépare surtout un changement de braquet vers plus de rigueur, l’austérité n’est pas loin de la sobriété comme on le verra fin septembre lors de la présentation du budget lorsqu’il faudra payer la facture de la douce négligence des dernières années ».
Philippe Mabille invite à la lecture d’une analyse d’une journaliste, Marine Godelier, de La Tribune sur les augmentations vertigineuses des prix de l’énergie ; il en évoque les causes et conséquences en quelques mots : « entre arbitrage sur l’ARENH, revente de l’électricité à prix fort, couverture peu sérieuse et offres mensongères, certains fournisseurs auraient multiplié les combines, au détriment du consommateur ». On s’en doutait, mais que La Tribune le révèle est symptomatique de la montée d’un climat délétère.
Quant à la chute de la chronique du directeur de la rédaction, elle est sans ambiguïté : « Le pic d’inflation n’interviendra pas avant Noël prochain. De là à promettre qu’il faudra manger des patates en grelottant de froid sous des couvertures avec des chaussettes de laine, il ne faut pas pousser l’abondance dans les orties de peur qu’elle ne se retourne contre son promoteur. »
Cette chronique m’a plongé dans de profondes réflexions. A la lire on se prend à rêver à un automne (et sans doute un hiver) agité socialement si Emmanuel Macron ne change pas sa feuille de route et s’il n’abandonne pas son arrogance. Et on se prend à rêver également à une presse qui ne serait plus entre les mains de quelques milliardaires et qui informerait vraiment et complètement.