James Baldwin est un immense écrivain. Noir, homosexuel, pauvre militant pour les droits civiques des populations noires, il a fui les Etats-Unis racistes et intolérants en 1948 à 24 ans. Il s’est installé à Saint-Paul-de-Vence en 1970 et y restera jusqu’à sa mort en 1987.

Son petit mas était le lieu de rendez-vous de nombreux artistes américains ; il est chargé d’histoire.

Thomas Chatterton Williams, jeune (36 ans) écrivain et journaliste américain, noir lui aussi, souhaitait faire de la maison de Baldwin une résidence d’auteur. Il écrivait dans Le Mondedu 11 mars 2016 : « L ‘idée que la plus grande figure littéraire de ce métissage entre les cultures noire américaine et française pourrait être bientôt déchue de toute empreinte physique en France, l’idée que comme bon nombre de familles noires anonymes qui ne transmettent jamais d’héritage, son legs à lui puisse également disparaître pour être transformé en maisons pour vacanciers fortunés me remplit de tristesse. »

Sotheby’s, célèbre société de vente aux enchères d’œuvres d’art, fait également dans l’immobilier, de luxe bien entendu. Elle veut construire à la place de la maison de James Baldwin un prétendu (et prétentieux) « Jardin des Arts », soit 19 appartements haut de gamme de 100 à 250 m2. Le premier prix pour l’appartement de 97 m2 atteint quand même 996 240 € ; le 5 pièces atteint, lui, 3 379 144 €.

A ce prix-là, les riches propriétaires ne seront plus gênés par la maison du Negro !

La France a-t-elle encore une ministre de la culture pour condamner ces riches pour qui un Noir, homosexuel, issu de la pauvreté et devenu un très grand écrivain, gène encore, même mort ?