Le tribunal de Nancy vient de prononcer de lourdes condamnations à l’encontre de sept policiers de la brigade anticriminalité (BAC) pour harcèlement et injures racistes à l’encontre de collègues, une femme et trois hommes, traités de bougnoule ou de bicot.

Les faits sont graves, mais faut-il s’en étonner ? Il est avéré que l’extrême droite a réussi à pénétrer les milieux policiers et à polluer de nombreux esprits. On ne répète pas à longueur de discours que les immigrés (et par extension tous les citoyens à la couleur de peau mate ou noire) sont des délinquants sans provoquer les dérapages de ceux qui sont investis de larges pouvoirs et soutenus (voire encouragés) par le pouvoir politique, ministres et préfets.

La répression policière a connu des épisodes sanglants, comme le 17 octobre 1961, quand des Algériens manifestant pour la levée du couvre-feu qui leur était imposé ont été jetés dans la Seine. Il y eut aussi la tuerie du métro Charonne, la mort de Malik Oussekine (tué par des ‘’voltigeurs’’, imaginés dans les cerveaux pervers de Pasqua et Pandraud) ; la liste est longue, ponctuée de drames insupportables.

Depuis quelques années, les scandales sont permanents, même s’ils ne provoquent plus autant de morts. On ne parle plus de scandales, mais de bavures, aussitôt ramenées à de simples incidents par un ministre, Darmanin, qui n’a rien à envier à ses prédécesseurs. Les bavures, donc, se multiplient et s’étendent à la répression au cours de manifestations pacifiques des organisations syndicales. La machine à discréditer fonctionne à merveille !

On est toujours très étonné de voir des représentants de syndicats de policiers accueillis à bras ouverts par les journalistes des chaînes de télévision, recueillant une version tendancieuse des faits et avançant toutes les ‘’bonnes’’ raisons pour tenter de justifier les agissements de leurs collègues. Ils volent la vedette au ministre. Quelques syndicats de policiers font de la surenchère électoraliste et corporatiste et prêchent la légitime défense. Ils sont l’objet de toute l’attention du pouvoir et des partis qui attisent les peurs et font en permanence l’apologie de la ‘’fermeté’’ pour éradiquer la délinquance réelle ou supposée.  

A Saint-Denis, récemment, c’est une fillette de 8 ans qui a été blessée à la suite d’une intervention ‘’musclée’’ et disproportionnée de la police municipale pour interdire le rassemblement de quelques Sénégalais célébrant la victoire de leur équipe nationale de football en Coupe d’Afriques des nations. Faire la fête est considéré comme un délit quand on n’est pas vraiment blanc.

Bref, il y a un malaise et il serait temps de revoir les schémas d’intervention policière. Mais dans un système ultralibéral, il n’y a plus de place pour la contestation et même pour les rassemblements festifs comme à Saint-Denis. On ne peut plus s’accommoder des bavures sous peine de glisser ostensiblement dans un régime policier autoritaire.

Tous les policiers ne sont pas racistes ; tous ne partagent pas le niveau insupportable de répression. Mais, les racistes et les extrémistes favorables aux interventions musclées n’ont rien à faire dans les commissariats.

La police doit être et rester républicaine, une force de maintien de l’ordre et non un outil de répression musclée. Mais pour que cela advienne, il faut changer la politique ultralibérale.