Le racisme reste un délit et nous submerge chaque jour. Pourquoi les racistes peuvent-ils encore s’exprimer avec virulence et au grand jour aujourd’hui dans de nombreux pays, des Etats-Unis à la France, d’Israël au Brésil, de Pologne à la Croatie ?

Le racisme s’exprime chaque jour sous des formes violentes ou insidieuses, dans la répression, dans la discrimination à l’embauche, dans les injures ou les plaisanteries. Le mal est grave. Au-delà du meurtre perpétré à l’encontre de George Floyd.

L’historien israélien Zeev Sternhell vient de décéder ; il avait travaillé sur les origines et la formation de l’idéologie fasciste en France. Ses travaux ne faisaient pas l’unanimité. En revanche, il a su parler de la situation dans son pays, Israël.

Dans une tribune publiée par le quotidien Haaretz le 19 janvier 2018, sous le titre ‘’En Israël, un fascisme croissant et un racisme proche du nazisme à ses débuts’’, il avait écrit :

« Je me demande souvent comment un historien dans 50 ou 100 ans interprétera notre période. Quand, demandera-t-il, les gens en Israël ont-ils commencé à se rendre compte que l’État qui avait été établi pendant la guerre d’indépendance, sur les ruines de la communauté juive européenne et au prix du sang des combattants, dont certains étaient des survivants de l’Holocauste, était devenu une véritable monstruosité pour ses habitants non juifs. Quand certains Israéliens ont-ils compris que leur cruauté et leur capacité à intimider les autres, Palestiniens ou Africains, ont commencé à éroder la légitimité morale de leur existence en tant qu’entité souveraine? »

Puis, dénonçant « non seulement un fascisme israélien croissant, mais un racisme semblable au nazisme à ses débuts », il concluait que « les Palestiniens sont condamnés à rester sous occupation pour toujours (…) Le raisonnement est simple : les Arabes ne sont pas des Juifs, ils ne peuvent donc exiger la propriété d’aucune partie des terres promises au peuple juif. »

Zeev Sternhell, accablé par l’attitude du peuple israélien, dénonçait l’instauration d’un régime d’apartheid, 28 ans après la fin de ce régime odieux en Afrique du Sud.

Zeev Sternhell est décédé le jour où la grande bourgeoise allemande Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, déclarait au Parlement :

« Je ne sais pas ce que cela fait d’être Noire, ni membre d’aucune minorité, qu’elle soir ethnique, religieuse ou sexuelle (…) dans les endroits où j’ai vécu. Je n’ai jamais fait l’expérience d’être traitée différemment à la seule raison de mon apparence. Je ne sais pas ce que c’est d’être traitée avec soupçon, jour après jour, dans la rue ou en faisant mes courses, à la recherche d’un emploi ou d’un nouveau logement (…) La plupart d’entre nous, dans cette salle, ne le savent pas. Mais nous savons une chose, beaucoup de gens, eux, le savent. Ils nous disent à pleine gorge que nous tolérons le racisme depuis beaucoup trop longtemps. Cela doit cesser. Mesdames et messieurs les députés, les gens qui manifestent dans nos rues, dans nos pays, des deux côtés de l’Atlantique et dans le monde entier, élèvent leurs voix, désireux de se faire entendre. Il est grand temps de faire plus que tout, plus que condamner. Il est temps de parler du racisme ouvertement, et honnêtement. »

Ursula von der Leyen a fait une déclaration forte ; mais elle s’est gardée de dénoncer les causes du racisme, de tous les racismes.

Le racisme, parlons-en, mais prenons des mesures.

Parmi les plus simples et les plus faciles à mettre en œuvre, Ursula von der Leyen pourrait suggérer à Emmanuel Macron de ne pas téléphoner à Philippe de Villiers pour lui annoncer la réouverture du Puy du Fou, ce temple du révisionnisme.

Le président a ouvert les vannes et les chaînes de télévision ont ouvert leurs micros sans retenue, toute la semaine, au vicomte Philippe, Marie, Jean, Joseph, Le Jolis de Villiers de Saintignon. Sur CNews, LCI, i24News, France 5 (émission C à vous) l’agité du bocal a pu asséner, sans être contredit, « qu’il y a une immigration-colonisation de barbares » ou encore que les barbares « sont arrivés chez nous et en fait ils veulent se débarrasser de notre civilisation, de nos racines ».

Ses propos sont xénophobes et racistes et tombent sous le coup de la loi. Alors qu’attendent le CSA, le ministre de l’intérieur et celle de la justice pour poursuivre le hobereau ignoble.

Le racisme, parlons-en, certes, mais allons plus loin et changeons de régime politique, de système économique, combattons les idéologies racistes en interdisant leur expression au travers de partis haineux, pour aller vers une société où tous les hommes seront vraiment égaux en droits et cultiveront la fraternité.