Matteo Salvini, ministre de l’intérieur, menace de supprimer la protection policière dont Roberto Savinio bénéficie depuis la publication de Gomorra et les menaces qu’il a reçues de la Mafia et des narcotrafiquants.

Salvini, ce raciste qui refuse de porter assistance aux réfugiés et veut ficher les Roms pour mieux les expulser, n’a pas d’imagination ; tous les fascistes s’en sont toujours pris à l’intelligence et aux intellectuels, surtout ceux qui dénoncent leurs turpitudes. Alors, il s’en prend lui aussi à un écrivain courageux qui a dénoncé les liens de la Mafia et des narcos sud-américains.

Mais Roberto Savinio est courageux et les menaces ne le font pas plier comme en témoigne une tribune publiée dans L’Obs, dans laquelle il réplique à Salvini : « Aujourd’hui, il est important de parler, de débattre. Mais pas avec Salvini : c’est un bouffon. Et discuter avec les bouffons, c’est une perte de temps. Salvini veut gagner par les menaces ; nous voulons convaincre par les mots, en discutant. Mais pas avec lui : nous devons parler avec les gens de la Ligue qui sont horrifiés par les paroles et les actions du ministre de l’intérieur ; avec les partis qui se sont présentés avec Salvini ; avec ceux qui ont signé le contrat de coalition avec Salvini ; avec ceux qui comme nous – comme nous tous – subissent les diatribes d’un homme qui ne sait rien faire d’autre que menacer. Il faut retirer au ministre de l’intérieur, homme sans scrupule et cynique, la possibilité d’armer (littéralement) d’autres mains. Ceux qui restent silencieux maintenant seront à jamais coupables. »

Roberto Savinio est non seulement un grand écrivain, il est un intellectuel engagé ; il est de ceux qui peuvent sortir l’Italie, cet immense pays de culture, de l’ornière dans laquelle tous les Salvini veulent la plonger, un abîme de régression culturelle, politique et citoyenne.

Il nous réconcilie avec l’Italie, le pays de tant de génies et du Quattracento, celle qui n’a jamais vendu son âme à la Mafia. 

Salvini, lui, sa vautre dans la boue raciste et vit dans l’abjection.

Nous dira-t-on un jour pourquoi certains ont accepté de s’allier avec un personnage continuateur (en pire) du berlusconisme, qui a tué le cinéma de de Sica, de Rossellini, de Fellini, d’Antonioni, mais aussi la télévision.