Emmanuel Macron est volontiers méprisant, voire insultant ; c’est assurément sa nature profonde qui s’exprime quand il prononce les ‘’petites phrases’’ qui ont scandé son quinquennat.

En 2016, par exemple, le président de la République avait osé déclarer : « La vie d’un entrepreneur est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier parce qu’il peut tout perdre, lui. »

A qui pensait Emmanuel Macron en disant cela ? Au petit patron du bâtiment qui a réalisé un chantier pour une collectivité et eu les pires difficultés pour se faire payer, avant de mettre la clé sous la porte ? Au petit agriculteur qui, endetté, a fini par se suicider ? Ou a Arnaud Lagardère qui a dilapidé le groupe de son père avant de se voir offrir une retraite dorée par le tandem Bolloré-Arnault ?

Les deux phrases de Macron ont indigné un jeune professeur d’histoire-géographie de Seine-Saint-Denis qui côtoie la pauvreté chaque jour. Matthieu Lépine, c’est son nom, a rejeté les paroles de Macron et ouvert un compte sur Twitter pour recenser tous les accidents du travail en France. Ceux-ci sont tus dans les médias, passés sous silence, alors que l’assurance maladie chiffre leur nombre entre 700 000 et 800 000 par an ; encore ne s’agit-il que des accidents reconnus. Pour le premier semestre de 2021, il a recensé 163 décès, dont 41 ouvriers du BTP, 28 chauffeurs-routiers, 18 agriculteurs, 13 ouvriers de l’industrie, 9 marins-pêcheurs, 8 bucherons-élagueurs, 6 livreurs de repas, etc.

Le compte Twitter de Matthieu Lépine, ‘’Accident du travail : Silence, des ouvriers meurent’’, s’est enrichi de photos des ouvriers victimes d’accidents du travail et de témoignages. Le professeur sort les victimes de l’anonymat et leur rend l’hommage que le président de la République ne leur rendra jamais, plus soucieux du sort des premiers de cordée que de la mort ou des blessures des gueux et des pauvres au travail.

Emmanuel Macron ne rendra jamais hommage à ces morts, mais il pousse l’insulte au-delà de l’indécence en proposant l’ex-ministre du travail, Muriel Pénicaud à la direction générale de l’Organisation internationale du travail (OIT). La proposition est vraiment osée quand on se rappelle du zèle mis par celle qui s’était déjà distinguée chez Danone, à démanteler le corps des inspecteurs du travail. Elle a tout mis en œuvre pour entraver et remettre en cause leur indépendance. La proposition de Macron résonne comme une injonction : laissez les entreprises fouler au pied la sécurité et laissez les ouvriers mourir en silence ou, plus trivialement, circulez, il n’y a rien à voir !

Il serait indécent de voir Muriel Pénicaud s’installer dans le fauteuil directorial du Bureau international du travail (BIT), organisme de tête de l’OIT, alors qu’elle a aussi entravé la mise en œuvre de la convention internationale et qu’elle est l’objet d’une plainte devant l’instance dont elle brigue le fauteuil.

La France de Macron est malade du mépris des riches et des premiers de cordée, gravement malade.