Silvio Berlusconi est un délinquant ; il a été condamné par la justice de son pays. Sa fortune, gagnée en quelques années et pas toujours de façon honnête, l’a conduit à occuper le fauteuil de premier ministre à plusieurs reprises.

Que sa fortune et sa logorrhée aient réussi à séduire le peuple italien, faut-il s’en étonner. Le petit peuple a eu trop souvent recours à la Mafia, à la Camorra et à la N’Drangheta pour survivre et enrichir les sbires de Berlusconi.

Aujourd’hui, il ne reste plus rien du pétulant Cavaliere ; le vieux beau est devenu un vieillard cacochyme et pourtant il y a encore assez d’Italiens pour lui permettre de s’immiscer dans la distribution des pouvoirs entre les quelques dangereux bouffons de la Ligue (ex-du Nord), raciste, et du Mouvement 5 Etoiles, outrancier.

Le peuple italien aurait-il perdu à ce point toute notion d’ordre moral pour se jeter, après sa romance avec Berlusconi, dans les bras de racistes et affairistes encore plus corrompus. L’Italie se complaît-elle à ce point à lier son destin à des hommes de mauvaise réputation, à des affairistes qui ne pensent qu’à faire prospérer leur fortune personnelle et à rejeter les pauvres qu’ils soient du Sud ou immigrés ? L’épisode italien pose de nombreuses questions sur la façon dont fonctionnent les prétendues démocraties.

L’Italie, après la Pologne, la Hongrie, l’Autriche, la Roumanie (la liste s’allonge) sont-ils encore des pays où les citoyens ont une vision aveugle dont s’exerce la fonction politique ? Quelle est la part d’irrationnel dans le choix du bulletin de vote ? Faut-il être à ce point désabusé pour confier son sort à de dangereux personnages, qui font voter des lois au bénéfice de quelques-uns (et parfois d’eux seuls pour d’éviter toute condamnation d’un procureur parfois trop curieux) ?

Après l’Italie, à qui le tour ? Les Etats-Unis ont installé une pâle copie du voyou Berlusconi à la Maison Blanche ; Les similitudes entre Trump, grossier, ignare et dangereux avec le Cavaliere sont nombreuses. Et que dire de la France, qui a, certes, installé un intellectuel à l’Elysée, mais l’ex-associé gérant de la banque Rothschild gouverne à la baguette et contrôle un Parlement asservi ; il fait un usage abusif de son autorité pour faire approuver des lois dictées par ses anciens patrons et tous les grands patrons.

L’indignation doit quitter le cercle trop étroit des vrais démocrates, dans tous les pays ; l’indignation ne suffit plus. L’engagement politique lucide et s’appuyant sur l’intelligence collective est le seul moyen pour éradiquer l’arbitraire et les choix par défaut.

Berlusconi a séduit et semble encore séduire une part non négligeable d’Italiens, sur fond d’irrationnel, de sentiment confus et d’éblouissement pour celui qui a fait fortune à partir de rien. La recette est hélas connue.

Il serait bien que désormais on puisse faire de la politique autrement…