L’augmentation du SMIC aurait dû être de 0,955 % ; le gouvernement a annoncé une hausse de 0,99 %. On mesure l’effort incommensurable fait par le gouvernement, qui a laissé à Elisabeth Borne, la ministre du travail, l’annonce de « la plus forte hausse du pouvoir d’achat depuis les dix dernières années. »
Toujours l’air grave et austère, la ministre du travail s’est-elle rendue compte de l’énormité de sa petite phrase ? N’aurait-il pas mieux valu qu’elle se taise ?
Le mépris pour les millions de smicards ne s’était jamais affiché aussi fièrement.
Le SMIC mensuel atteindra 1 554,58 euros brut par mois pour un temps complet (10,25 euros de l’heure), soit un ‘’cadeau’’ de 15 euros brut.
On imagine les intenses batailles au plus haut niveau de l’Etat pour accorder un coup de pouce de 0,035 % auquel le premier ministre était opposé.
Ce sont les femmes qui vont être satisfaites ; elles sont 59,3 % à être concernées par la ridicule augmentation : ce sont en effet elles qui sont majoritairement à temps partiel et travaillent dans des petites et moyennes entreprises.
Ce coup du mépris passe d’autant plus mal que le même jour on apprend que la Banque centrale européenne (BCE) autorise les banques à verser de nouveau des dividendes en 2021 « sans qu’ils excèdent 15 % de leurs bénéfices cumulés des années 2019 et 2020. »
Les Echos éructent et s’insurgent : « La fin de l’embargo sur les dividendes versés par les banques de la zone euro aura un goût amer pour leurs actionnaires. » Le quotidien économique de Bernard Arnault partage donc l’amertume des gros actionnaires : « Une estimation rapide montre que cela conduirait à un coupon de 1,76 euro au plus pour BNP Paribas, au lieu de 2,6 euros en retenant un taux de distribution de 50% du bénéfice net 2020 estimé. Constat similaire pour Crédit Agricole (0,41 euro au lieu de 0,54 euro). Quant aux coupons maximums de Société Générale et Natixis, ils seraient minimes (0,43 et 0,09 euro). »
Les dividendes de ces pauvres actionnaires sont le résultat de l’exploitation des millions de smicards. On comprend pourquoi le journal de Bernard Arnault s’étouffe quand on parle d’augmentation du SMIC.
Ceux qui n’ont rien ou qui sont au chômage ne méritent aucune compassion de la part de ceux qui ont tout.
La France d’Emmanuel Macron dans toute sa honteuse splendeur.