Huit enfants sont morts en Egypte dans un accident de la route ; ils avaient entre 12 et 15 ans et ils rentraient du travail. Le véhicule s’est renversé dans un canal du delta du Nil.

Il ne s’agit pas d’un banal accident : collégiens le jour, ils allaient chaque soir ramasser des pommes de terre pour aider leurs parents, dans une région où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

On n’ose imaginer leur attention devant les professeurs, après une nuit harassante de labeur pour un salaire de misère !

L’Organisation internationale du travail estimait en 2012 que près de deux millions d’enfants égyptiens travaillent, souvent dans des conditions déplorables et dignes des romans de Zola, la loi autorisant le travail des enfants à partir de 15 ans et tolérant l’emploi saisonnier à partir de 13 ans. Combien sont-ils comme les huit petites victimes en 2022 ?

La Fête du Travail aura un goût amer pour les parents des huit victimes. Tant qu’il existera des enfants exploités dans de telles conditions dignes du Moyen Age, la Journée internationale des travailleurs, journée de lutte et de manifestations, devra dénoncer les exploiteurs de la misère ouvrière et ceux qui permettent la pérennité des nouvelles formes d’esclavagisme.

Le drame d’hier devrait faire honte à la France ; n’est-ce pas Emmanuel Macron qui a décoré le dictateur Abdel Fattah Al-Sissi de la légion d’honneur en 2020 et qui lui a vendu 30 avions de combat Rafale pour un montant estimé à 3,95 milliards d’euros, après lui avoir vendu des navires de guerre. Selon un rapport du Parlement, notre pays a vendu pour 7,7 milliards d’euros d’armes entre 2010 et 2019.

Les sommes sont considérables pour un pays comme l’Egypte ; elles auraient été mieux employées dans une campagne visant à éradiquer la pauvreté, à interdire le travail des enfants la nuit ou encore à développer l’enseignement.

Emmanuel Macron n’aura pas un mot pour dénoncer le drame de la mort de huit enfants qui ne demandaient qu’à vivre dignement ; il ne retirera pas la Légion d’honneur au dictateur et il continuera à lui vendre des armes. Le président de la République a des amis encombrants, pour nous mais pas pour lui.

Difficile d’oublier ces huit pauvres gosses, même pendant la guerre atroce de Poutine en Ukraine. Le Premier mai est triste.