Le Monde a publié un article de son correspondant à Londres qui aurait dû faire les gros titres de la presse et du service public des chaînes de télévision. Mais, chut. Taisons-nous !

Déjà le titre avait attiré mon attention : « Au Royaume-Uni l’Etat reprend le contrôle des trains ». L’introduction m’a convaincu de lire l’article jusqu’au bout :

« Progressivement, sans vraiment le dire, Boris Johnson détricote maille à maille la révolution thatchérienne. Après avoir fortement augmenté les dépenses de l’Etat, pandémie de Covid-19 oblige, le premier ministre britannique met en place une profonde réorganisation du système ferroviaire, écornant très largement la privatisation lancée en 1994. Jeudi 20 mai, le gouvernement britannique a annoncé la création d’une entreprise publique qui va désormais chapeauter le fonctionnement des trains du Royaume-Uni. « C’est le plus grand changement ferroviaire depuis vingt-cinq ans », annoncent Grant Shapps, le ministre des transports, et Keith Williams, l’auteur du Livre blanc qui présente la réforme. »

Si l’auteur de l’article prend soin de noter que les deux ministres « font très attention à ne pas parler de nationalisation », il nous apprend que la nouvelle entreprise, Great British Railways, est un changement de cap important pour remédier au fiasco des privatisations de Margaret Thatcher. Le gouvernement britannique avait déjà repris le contrôle des voies en 2002, sans pouvoir remédier aux dysfonctionnements induits par la privatisation : horaires fantaisistes et non respectés, liaisons abandonnées et augmentations des tarifs pouvant aller jusqu’à 50 %, sans parler des faillites de certains sociétés qui ont dû être renationalisées.

Un livre blanc présentant la réforme ministérielle note que « La privatisation des trains n’a jamais été acceptée par le grand public, ses problèmes étant trop évidents »et révèle que l’Etat a « injecté 12 milliards de livres pour sauver les trains ». Un détail.

Ceux qui prônent l’ouverture à la concurrence en France et en Europe ont-ils lu le livre blanc du gouvernement de Boris Johnson ? On peut proposer de leur traduire, au cas où…