Vivons-nous encore en démocratie, c’est-à-dire dans un régime où les élus sont respectueux du pouvoir du peuple et ne gouvernent pas en fonction de leurs intérêts de classe.
Vivons-nous encore en démocratie quand un président de la République, élu désormais directement par le peuple, se permet de renier ses déclarations et ses engagements et opère des changements de ligne politique radicaux en fonction des sondages et des perspectives électorales, mais surtout en fonction des exigences des pouvoirs économiques et financiers.
Vivons-nous encore en démocratie quand les déclarations d’un président de la République qui se prétend ni de droite, ni de gauche, va puiser son inspiration dans le programme d’un parti raciste et d’extrême droite qu’il prétendait combattre.
Notre démocratie sombre ‘’en même temps’’ dans la ploutocratie universelle et dans un nationalisme étroit dans un pays s’enfermant dans des frontières étanches, donnant au pays des Lumières les allures d’une forteresse assiégée où l’air est suffocant. La contradiction n’est qu’apparente et Macron l’assume.
Emmanuel Macron nous conduit vers le tout marché, celui auquel il cède tout, aujourd’hui la Française des Jeux, mais aussi l’énergie, les transports, la santé, l’école. Il n’est que le jouet d’un pouvoir triomphant, prétendument immuable et parfait, le pouvoir économique des multinationales, qui font, paraît-il, ruisseler l’argent qui fait le bonheur. Pas pour les chômeurs qui voient leurs droits laminés. Pas pour les pauvres qui, demain, seront encore plus pauvres. Mais pour les riches.
Emmanuel Macron assure au peuple qui veut le croire que le réfugié est la cause de ses maux ; il disperse les campements qui ont l’inconvénient de le ramener trop crument à la réalité.
Emmanuel Macron entretient la confusion dans les esprits et quelques égarés le suivent ; sur une chaîne de télévision on a pu entendre une chroniqueuse appeller les forces de l’ordre à tirer à balles réelles sur les fauteurs de troubles et les manifestants, ou une autre, sur une autre chaîne, affirmer que les pauvres au SMIC ne devraient pas divorcer. Plus extravagant encore, des citoyens de la commune la plus endettée et dont le maire est en prison lancent une souscription pour payer les 500 000 euros de caution de Patrick Balkany.
Doit-on rappeler à Emmanuel Macron que le peuple ne l’a pas élu pour nous entraîner dans ce monde nouveau-là. Que dans un pays de 66 millions d’habitants et de 47 millions de votants, il n’a recueilli que 8 millions de voix, soit environ 18 % de ceux qui se sont déplacés pour voter. Seulement.
La réalité est parfois cruelle et le résultat du suffrage aussi. Vivons-nous encore en démocratie au regard de ce qui précède ?
Quand la grogne monte et que la colère s’exprime, quand l’intérêt général est bafoué et que le peuple s’en rend compte le pouvoir économique dicte à Macron une contre-attaque, la seule réponse est sécuritaire ; elle est aussi dans les jeux du cirque, dans les jeux d’argent et dans la haine de l’autre.
Le peuple français aspire à vivre en démocratie, comme les peuples chilien, irakien, algérien, turc, palestinien, libanais, tunisien, grec, etc.