Laurent Wauquiez agit comme s’il était maître et seigneur de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes, relent d’un atavisme familial ; ses ancêtres étaient déjà de fieffés industriels conservateurs.

Officiellement, au nom d’un prétendu équilibrage de l’affectation des subventions, il a décidé, seul dans son bureau présidentiel, de raboter, voire de supprimer, les aides à quelques cent cinquante institutions situées dans les grandes agglomérations de la région, parmi lesquelles l’Opéra de Lyon, le TNP de Villeurbanne, la Comédie de Saint-Etienne, etc. La punition atteint la somme de 4 millions d’euros, alors que les programmations sont déjà engagées et les contrats signés. 

 Wauquiez prétend ainsi vouloir favoriser les territoires les plus éloignés de la culture. La justification de Wauquiez est un gros mensonge et le résultat d’une magouille politicienne ; les institutions les plus impactées par ses décisions se situent dans des villes dirigées par la gauche et les institutions rurales ont été également visées par cette politique de gribouille.

Il n’a échappé à personne que la décision, arbitraire et destinée à flatter le populisme, intervient en pleine période électorale et qu’elle relève du fait du prince puisqu’elle n’a été précédée d’aucune concertation avec les institutions concernées.

Je n’ai jamais apprécié Laurent Wauquiez. Passé dans les plus grandes écoles de la République, Normal Sup, Sciences Po et l’ENA, il fait preuve d’une bêtise sans borne, étalant une idéologie rance. Bigot invétéré, il a déjà démontré une rare étroitesse d’esprit en soutenant la ‘’Manif pour tous’’ et en dénonçant les dérives de l’assistanat des chômeurs. En affichant aussi ses proximités idéologiques avec Marion Maréchal.

En s’attaquant avec une violence revendiquée à ce qui fait culture, Laurent Wauquiez ne mérite que mépris. S’il se réclame du gaullisme, il a sans doute oublié que le général avait appelé André Malraux à ses côtés pour promouvoir la culture dans des maisons ouvertes à toutes les couches de la société. Le président de région tourne le dos à cet héritage et entend maintenir ‘’son’’ peuple dans un état d’analphabétisme culturel indigne.

Le ‘’conducator’’ d’Auvergne-Rhöne-Alpes devrait lire et relire les discours de Vincent Lindon et de Sergueï Loznitsa à Cannes pour s’ouvrir l’esprit et faire preuve de tolérance, plutôt que de vouloir faire peuple avec sa parka rouge (toujours la même). Mais lire Lindon et Loznitsa fatigue. A croire qu’à l’ENA on interdit aux étudiants de lire les grands auteurs pour s’en remettre au bon sens populaire en toutes occasions.

En agissant comme il le fait, Laurent Wauquiez dit merde à Victor Hugo et j’ai une folle envie d’emprunter cette phrase définitive de François Morel adressée à Luc Ferry (autre agité du bocal) : « Comment peut-on être aussi intelligent en étant aussi con ? »