J’ai découvert (certes, tardivement) un merveilleux roman, A demain, camarades. Un merveilleux roman, qui vous accapare et vous oblige à continuer, continuer à lire, sans le lâcher, ses 540 pages.

J’ai découvert un merveilleux auteur, Manuel Tiago ; en fait, le pseudonyme d’Alvaro Cunhal, l’homme qui a incarné le Parti communiste portugais (PCP) et la résistance au sanguinaire dictateur Salazar, qui a passé près de 15 ans dans les geôles (dont 8 à l’isolement), qui a connu la torture et qui a été contraint à l’exil pendant 14 ans.

Il a subi les accusations gratuites, celles qui sont réservées aux communistes intègres et opposés au capitalisme pour instaurer sur terre un régime humain. Une droiture insupportable pour ceux qui ont toujours fait allégeance au monde la finance et aux dictateurs.

Avec ce livre, j’ai découvert, un authentique et grand écrivain et un véritable homme de culture. Alvaro Cunhal a écrit de nombreux ouvrages politiques, a été aussi peintre et graveur, traducteur passionné (il a traduit Le roi Lear de Shakespeare en portugais !) et romancier. Il s’est également penché sur la place de la culture avec un brillant essai, L’art, l’artiste et la société.

Toute cette activité ne devait pas ‘’coller’’ avec l’image que devait donner un communiste portugais, qualifié de dernier des staliniens et d’idéologue aligné sur Moscou. Son œuvre a donc été ignorée en France. A demain, camarades, paru au Portugal en 1974 (et qui a connu un succès monstre avec 12 rééditions), n’a été publié en France par Le Temps des Cerises qu’en 2017.

Le roman narre la situation des pauvres portugais qui manquent de tout dans le Ribatejo en 1948 et la lutte des communistes pour organiser une grève des ouvriers des usines et des paysans journaliers. Les militants sont clandestins et soumis à une répression féroce ; Alvaro Cunhal ne cache rien, ni le dévouement et l’héroïsme de certains, les faiblesses et les trahisons d’autres. Parce qu’ils étaient des hommes, simplement. On y vit les réunions des responsables, les affrontements et les oppositions, dures parfois. Les désirs et les amours d’hommes et de femmes font aussi partie du quotidien d’hommes et de femmes faits de chair. 

La résistance à Salazar est tenace et le Parti communiste, décapité, renaît, plus fort. Alvaro Cunhal brosse le portrait de ces authentiques héros à hauteur d’hommes (et de femmes), sans complaisance, mais avec toujours beaucoup d’affection pour ceux qui luttent dans des conditions inhumaines, parfois au prix de leur vie, la PIDE maniait aussi bien la torture que l’assassinat.

Les leçons de ce livre sont multiples et rendent hommage à ceux qui, comme son auteur, ont osé combattre Salazar pour émanciper le peuple.

J’ai découvert plus qu’un livre, au style remarquable et précis, j’ai découvert un dirigeant communiste épris d’humanisme et d’intelligence. Loin du dernier des staliniens.