Piero Mascagni, le compositeur de l’opéra Cavalleria rusticana, n’avait sans doute pas imaginé que son œuvre serait représentée un jour en plein air et retransmise en direct à la télévision. Et à Matera, la cité sublime du Mezzogiorno.

Le décor, déjà utilisé par Pasolini pour son film L’évangile selon saint Matthieu, avec ses maisons troglodytes, sa Piazza San Pietro Caveoso, ses murs de pierres chaudes, a sublimé la partition et le miracle à été total : un spectacle grandiose, agrémenté de quelques vues aériennes de la ville grâce aux drones.

L’opéra de Mascagni est considéré à juste titre comme un chef d’œuvre absolu en Italie, mettant en scène la lutte du bien et du mal (symbolisée par de très belles marionnettes géantes), un drame de la jalousie entre des paysans laborieux, des petites gens comme la région du Sud aride et pauvre en connaît encore.

Tous se sont élevés à la hauteur de l’événement : le chef d’orchestre Juraj Valcuha et ses instrumentistes du Teatro San Carlo de Naples, les interprètes et, notamment, Veronica Simeoni, déambulant entre les spectateurs, sans oublier les chœurs.

On a souvent dit que la télévision, c’est d’abord le direct. Hier soir, Arte l’a prouvé en réussissant à faire de sa retransmission un des grands moments de cette année.

La tâche était délicate de filmer un opéra en pleine ville, au milieu des spectateurs, et de restituer toute la sensibilité des voix des solistes. Arte a tenu son pari et réhabilité le direct, magnifié l’opéra de Mascagni et magnifié la cité de Matera. Un grand moment de pure poésie, de musique magnifique, d’intelligence et de culture. Un moment de rêve dans un monde de plus en plus difficile à vivre.

Seule, la chaîne franco-allemande, associée à l’Italie, pouvait réaliser ce moment. Et on peut rêver à d’autres instants de grâce si les services publics de toute l’Europe pouvaient collaborer pour le meilleur et abandonner les séries américaines.