Le 6 août 1945 le monde basculait dans une nouvelle ère, terrible et terrifiante : le possible anéantissement de toute vie sur la planète.

Une seule bombe lâchée au-dessus la ville japonaise d’Hiroshima avait fait des dizaines de milliers victimes et quasiment anéanti la ville de 350 000 habitants ; les radiations ont fait des dégâts irréversibles.

Et voici qu’aujourd’hui deux fous, chefs de deux superpuissances, les Etats-Unis et la Russie, se lancent dans une course mortifère à l’armement nucléaire de nouvelle génération toujours plus puissant, engloutissant des sommes vertigineuses qui seraient mieux utilisées à éradiquer la pauvreté, y compris dans leurs pays respectifs. Le danger est là, à notre porte, et d’autres qu’eux, à un degré moindre, tentent de les imiter, la France en première ligne.

Les deux fous sont capables de tout ; ils jouent un jeu dangereux et entraînent derrière eux des roitelets qui les singent, comme Emmanuel Macron.

La culture de la paix est mal en point et la course à la puissance militaire absolue détourne les dizaines de milliards qui devraient être consacrés à la Culture émancipatrice.

Le 8 août 1945, Albert Camus dénonça dans son éditorial de Combat le traitement journalistique de l’utilisation de l’arme nucléaire sur Hiroshima avec la virulence qui convenait et les mots qu’il fallait :

« Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes, que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase: la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques. 

En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonner. »

Que dire, aujourd’hui, du traitement des politiques mortelles de Trump et Poutine, sinon qu’elle est indigente et qu’elle ressemble étrangement à celle de 1945.

Aujourd’hui plus qu’hier encore, les citoyens de tous les pays doivent se lever pour dénoncer et contrarier les ambitions des va-t-en-guerre et mettre un terme à la course à l’armement nucléaire.

Nous ferons nôtre la conclusion d’Albert Camus :

« Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »