La canicule qui sévit en Europe a anéanti les rédactions. L’information suffoque elle aussi.

C’est la conclusion que je tire après avoir regardé les journaux télévisés de France 2 ce samedi, à 13 heures comme à 20 heures.

Présentés par Jean-Baptiste Marteau, un jeune homme qui porte beau, bien propre sur lui (il est sans doute aussi bien né, puisqu’il a été responsable des jeunes de l’UMP dans l’Oise il y a quelques années), ils ont fini par me plonger dans un sommeil profond. C’est sans doute le but recherché, assoupir les foules et les mettre en état de léthargie.

Le journal de 13 heures est court le samedi ; il ne contenait que huit sujets du plus profond désintérêt : par ordre chronologique, matinées noires sur les routes, la canicule et les pauses sur les aires d’autoroute, la radio des bouchons, à Sète les urgences sous tension, la canicule (on y revient) qui a fait trois morts en Espagne, et, pour terminer, trois sujets essentiels : Booba et Kaaris, les rappeurs qui ont été incarcérés, le panda du zoo de Beauval qui a 1 an (merci pour la publicité), enfin, rencontre avec Gérard Jugnot à l’occasion du festival de Ramatuelle.

J’espérais d’autres informations le soir. Mais j’ai eu droit aux mêmes contenus (parfois avec les mêmes images) accompagnés des mêmes commentaires débiles : Jean-Baptiste Marteau a débuté avec la journée noire sur les routes (au cas où je n’aurais pas compris à 13h) ; il a enchaîné avec les dépanneurs qui, eux ne chôment pas grâce aux bouchons (Il y a encore une France qui travaille). On est revenu à la canicule et ses effets (Bormes-les-Mimosas se rappelant l’incendie de l’été dernier), pour continuer avec les risques élevés de ces mêmes incendies (ce soir dans les Pyrénées-Orientales). On nous a resservi également Booba et Kaaris pour s’interroger sur rap et violence.

Miracle de l’information, la correspondante de France 2 n’était pas en vacances : elle a envoyé un sujet essentiel : des Ladies se révoltent pour siéger à la Chambre des Lords. La révolution chez Elisabeth ? Est-ce possible ? Et ce ne sont pas les gueux qui brandissent l’étendard de la révolte mais les Ladies. Le reportage a été soufflé à Stephan Bern, qui risque de ne pas s’en remettre.

Le bébé panda de Beauval a eu droit à une rediffusion (pour remplir le contrat de publicité ?). Mais on est vite revenu sur la canicule avec la situation en Espagne. Et sur un sujet essentiel : comment lutter contre les files d’attente sur les lieux touristiques. Mais pas un mot sur la grève des personnels de la Tour Eiffel.

Le sport a eu droit à deux reportages, l’un à propos des Gay Games et l’autre à propos des médailles remportées par les Français aux championnats d’Europe, histoire de pousser un petit « cocorico ».

La culture a été rejetée en fin de journal, alors que tous les téléspectateurs étaient accablés. Assurément le festival de jazz de Marciac méritait mieux. Mais, pour France 2 qui peut s’intéresser encore au jazz ?

Les deux sommaires de la chaîne de service public en disent long sur la hiérarchisation de l’information dans une république libérale, gouvernée par un président des riches.

Les journalistes du service politique et du service étranger, mais aussi du service social et économique étaient-ils en vacances ou anéantis par la canicule ?

Quand les journalistes se révolteront-ils, comme les Ladies ?