Le président de la République est venu parler dans les étranges lucarnes au soir du 31 décembre ; droit dans ses bottes, il a prévenu : il veut continuer à casser les droits sociaux, les retraites par répartition et tout ce qui constitue le socle social hérité du Conseil national de la Résistance et des luttes sociales.

Egal à lui-même, il n’a donc pas surpris. Sauf ceux qui attendaient des annonces apaisantes après les événements que l’on a connu.

D’apaisement, point. Il a annoncé un durcissement de la politique d’indemnisation du chômage : « Le gouvernement dans les prochains mois devra poursuivre ce travail pour changer en profondeur les règles de l’indemnisation du chômage afin d’inciter davantage à reprendre le travail ».

Mais, cynique, il s’était gardé de parler d’un décret publié la veille au Journal officiel dans lequel les règles répressives d’indemnisation étaient déjà largement entamées.

Les chômeurs seront radiés pour une durée d’un mois en cas de non-respect d’un rendez-vous. Ils seront privés d’allocation en cas de manquement à la recherche d’emploi et de refus de deux « offres raisonnables » d’emploi. Mais, surtout, le décret supprime la possibilité de refus d’un emploi au prétexte qu’elle entraîne une baisse de salaire par rapport au dernier salaire. Le décret « abroge la définition du salaire antérieurement perçu qui était pris en compte pour déterminer l’offre raisonnable d’emploi ».

Enfin, le demandeur d’emploi devra tenir un journal de bord numérique chaque mois recensant précisément ses recherches.

Bref, il n’a pas varié dans cette attitude très patronale qui consiste à considérer les demandeurs d’emploi comme des fainéants. C’est « Tais-toi et acceptes tout et n’importe quoi, c’est-à-dire les petits boulots mal payés, les boulots de merde, les contrats (très) précaires pourvu que tu disparaisses des statistiques de Pôle emploi. Traverses la rue, les McDo ou les caisses de supermarchés t’attendent. Ils ne t’attendent plus ; ils réduisent tous les effectifs ? Peu importe, tu seras considéré comme ne voulant pas reprendre le travail et tu sera privé d’allocation. »

Faudra-t-il s’étonner si les « vœux » d’Emmanuel Macron provoquent des réactions violentes ? Les chômeurs ne croient plus au Père Noël, qui, pour eux, est vraiment une ordure !