Le Ségur de la santé a accouché d’un mauvais accord et les soignants qui avaient multiplié grèves et manifestations pendant plus d’un an pour déplorer la casse du système de santé français sont amers.

Tous ? Non, hélas, car il s’est trouvé trois organisations syndicales pour apposer leur signature au bas d’un texte présenté comme historique par un nouveau premier ministre qui n’a pas peur des exagérations. La CFDT a été la première, sans consultation de ses adhérents, à annoncer son acceptation des mesures prises par le gouvernement, rejointe ensuite par sa succursale, l’UNSA, et même par FO.

D’autres syndicats ont su regarder de près le prétendu accord historique et ont refusé de signer un marché de dupes.

L’urgentiste Patrick Pelloux a fait part de sa colère et a dénoncé les négociations de couloirs (et les visites nocturnes à l’Elysée ou à Matignon) :

« Là, je vous assure, ça fout un coup au moral de voir que c’est toujours les mêmes qui depuis 30 ans signent les accords et qui font un truc à l’envers. On nous avait promis un nouveau monde, on nous avait promis une modernité, un ‘’quoi qu’il en coûte’’, et puis on se retrouve avec le monde d’avant en pire (…)Concernant les urgences, il n’y a aucun progrès. Il ne se passe rien de moderne. On nous avait promis un nouveau monde, on a l’impression que c’est le monde du passé qui est en train d’être institutionnalisé pour des années. Il n’y a rien sur les gardes, il n’y a rien sur la permanence de soins, il n’y a rien sur la valorisation du temps additionnel, c’est-à-dire des heures supplémentaires. Là, dans le Ségur, il n’y a aucun moratoire. On va continuer la fermeture des hôpitaux et ça, je trouve vraiment que ce n’est pas bien ce qu’ils font (…)Nous avons l’impression que tous ceux qui se sont engagés et qui ont fait le boulot pendant la crise du coronavirus, les réanimateurs médicaux, les anesthésistes, les médecins urgentistes, sont les laissés-pour-compte de cet accord. On a fait plein de propositions pour moderniser l’hôpital, moderniser sa démocratie, moderniser sa gouvernance et il n’y a rien du tout (…) J’applaudis les syndicats qui ont réussi à faire des magouilles dans le dos des autres et qui ont réussi à s’arranger. C’est la France des clans, c’est la France des potentats, c’est la France qui fait croire que c’est un accord majoritaire alors que ça ne l’est pas. Ce sont des négociations de couloirs. »

Les négociations avaient été confiées à Nicole Notat, l’ex-secrétaire générale de la CFDT, une habituée des mauvais coups contre le monde du travail. Sa désignation était tout un symbole. Pouvait-on espérer une autre issue avec elle et avec son successeur,Laurent Berger ?

Nicole Notat, surnommée la tsarine, avait apporté son soutien à Emmanuel Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle. Habituée des couloirs et des sinécuresauprès des premiers de cordée, elle a montré son vrai visage.

La CFDT ou la courroie transmission de Macron.

La compromission est totale puisque l’accord a étésigné la veille de l’intervention présidentielle du 14 juillet, nécessitant le retour précipité du premier ministre et de son ministre de la santé de Guyane.

Les soignants savent désormais qui défend l’hôpital public à leur côté et ceux qui les trahissent !