Dieu des chrétiens, dieu des juifs, dieu des musulmans, des bouddhistes, des hindouistes, des taoïstes, des chamanistes, des shintoïstes, d’autres encore connaissent des courants divers, des cultes différents correspondant à des écoles, des mouvements ou même des philosophies différents. Les unes ont mieux prospéré que d’autres pour s’attirer des fidèles. Au classement des religions, car dans le domaine du spirituel les bien-pensants adorent aussi la compétition, cinq d’entre elles clament leur rang et renvoient les autres à des sectes.
Parfois les croyances des cinq grandes religions monothéistes sont encore empreintes d’un polythéisme antique ou ancestral, parfois du fétichisme, selon les pays et les latitudes. Beaucoup ont connu des schismes, accusant celui qui s’écarte du dogme d’hérésie ; quant à celui qui ne croit pas en leur dieu, il est traité de sacrilège. Apostats, hérésiarques ou mécréants étaient traduits devant leurs tribunaux et condamnés ; les châtiments n’ont pas totalement disparu : pour avoir caricaturé Mahomet, les dessinateurs de Charlie Hebdo ont été accusés de blasphème puis victimes d’un attentat.
Les auteurs de ces crimes horribles se sont investis d’un droit sacré, celui d’éliminer des impies pour être accueilli dans un paradis peuplé de houris, leur permettant d’assouvir leurs appétits sexuels.
Le monde occidental a connu hier et connaît encore aujourd’hui des agressions immondes au nom de dieu, autodafé ou bûcher ; les motifs se sont déplacés et aujourd’hui les fous de dieu condamnent les médecins pratiquant l’avortement ou ceux qui abrègent les souffrances de malades réduits à un état végétatif. A ceux qui osent imposer des mesures de protection contre le coronavirus, certains se sont réfugiés derrière leur dieu, chrétien ou autre, pour prétendre qu’il veille sur eux et qu’il est le seul à pouvoir guérir. Dieu peut tout et rien ne lui est impossible.
Si leur mouvement n’est pas aussi radical, il est néanmoins suffisamment violent pour plonger des femmes ou des familles dans la peur et le désarroi.
Rien ne pourra raisonner agresseurs et assassins puisque leurs actes sont commis au nom d’un dieu, inventé par les hommes, dont personne n’a jamais pu prouver l’existence. Ni l’inexistence d’ailleurs.
Etablir la carte des religions n’est pas chose aisée si on ne tient pas vraiment compte de leur évolution, intimement liée aux grandes évolutions de l’humanité. Un grand nombre d’entre elles se sont apaisées au rythme de leur perte d’influence et de leurs pratiquants. D’autres relèvent plus d’une philosophie de la vie que de véritables croyances dans le salut de l’âme et s’avèrent parfois plus tolérantes envers les autres. Mais, aujourd’hui, on est plongé souvent dans l’horreur, consécutive à des affrontements entre trois des religions monothéistes les plus importantes.
Certaines se complaisent dans un rôle tragique ; des gouvernements les utilisant en manipulant les croyants comme prétexte et agent de discorde pour des questions politiques, parfois stratégiques (comme au Moyen-Orient), économiques, philosophiques (comme en Pologne, aux Etats-Unis et en France), contre l’avortement, l’homosexualité, l’égalité homme/femme). Elles se comportent comme des agents de discorde semant la haine et l’intolérance.
Leur dieu a tout créé et il a donné la vie ; alors, pourquoi, au nom de dieu, ceux qui croient auraient-ils le droit de donner la mort ? Le dieu créateur et tout puissant ne peut pas tout absoudre !
Alors, devant ces heures sombres que nous réservent les religions, il est urgent et essentiel de redonner à lire le sublime Traité sur la Tolérance de Voltaire. Le défenseur de Callas a puisé dans les textes bibliques un argumentaire irréfutable pour instaurer un esprit de concorde sur terre entre toutes les religions et entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas.
Ecoutons l’esprit des Lumières qui écrit : « Je vous dis qu’il faut regarder tous les hommes comme nos frères. Quoi ! Mon frère, le Turc ? Mon frère le Chinois ? Le Juif ? Le Siamois ? Oui, sans doute ; ne sommes-nous pas tous enfants du même père, et créatures du même Dieu ? »
Imparable, mon cher Voltaire.