Esther Duflo a reçu le prix Nobel d’économie en 2019 avec son mari Abhijit Banerjee pour ses travaux sur le développement et la pauvreté. Esprit brillant, la lauréate a accumulé les diplômes.

Normalienne, maîtrise d’histoire, DEA d’économie de l’EHESS, agrégée de sciences économiques et sociales, elle a soutenu une thèse de doctorat au sein du département d’économie du prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT) sous la direction de celui qui deviendra son mari. Elle a acquis la nationalité américaine en 2012 et poursuit ses recherches sur les problèmes de développement.

Esprit brillant donc, le prestigieux hebdomadaire The New Yorker la qualifiant « d’intellectuelle française de centre gauche qui croit en la redistribution et qui souscrit à la notion optimiste que demain sera peut-être meilleur qu’aujourd’hui. »

Elle a donné un long entretien à Télérama au cours duquel elle déclare :

« L’idée sous-jacente est que la vie des pauvres est tellement difficile et la nôtre tellement meilleure que forcément ils ont tous envie de venir. Ce raisonnement est bâti sur une double erreur. La première : que la vie des gens vivant dans la pauvreté serait forcément affreuse. C’est ce que je croyais aussi quand j’étais enfant, je ne me suis libérée de cette erreur qu’en allant dans les pays en développement (…) Que les gens soient pauvres ne signifie pas que leur vie soit pauvre (…) Seconde erreur : les pauvres seraient prêts à tout pour améliorer leur vie matérielle. Ce n’est absolument pas le cas. Même dans les endroits où il n’y a aucune barrière à la mobilité, comme en France, les gens ne se déplacent pas de 400 kilomètres pour prendre un nouveau job. »

Que les gens pauvres n’aient pas une vie pauvre, comme le pense Emmanuel Macron par exemple, est évident. Mais que les gens pauvres ne traversent pas la rue pour trouver du travail, comme le prétend encore Emmanuel Macron, est absolument faux. Surtout quand il n’y a pas de travail de l’autre côté de la rue ou plus encore à 400 kilomètres.

On peut être lauréat du prix Nobel, comme Esther Duflo, ou énarque, comme Emmanuel Macron, et prononcer des jugements erronés, gravement erronés. Et partager, au fond, une même vision du monde des pauvres. Surtout quand on est à classer parmi les classes favorisées se situant au centre gauche.