Son nom reste méconnu ; s’il ne figure pas sur l’Affiche rouge, Arsène Tchakarian est pourtant un héros, l’un des membres du groupe Manouchian. Comme seule la Résistance au nazisme et au fascisme pouvait en faire éclore.
Arsène Tchakarian avait vécu le fascisme avant son arrivée en France ; celui qui avait persécuté et tenté d’anéantir les Arméniens. Le génocide arménien par les Turcs de l’Empire ottoman l’avait amené à s’engager contre toute forme d’oppression. Les Arméniens de France avaient alors constitué un groupe membre des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans Main d’Œuvre Immigrée) portant des valeurs de fraternité, d’internationalisme et de liberté. Antifasciste donc.
Arsène Tchakarian et ses amis avaient rejoint alors ceux qui, comme eux, combattaient le fascisme triomphant en Espagne, en Italie, en Hongrie et en Allemagne.
Ces hommes-là se sont battus pour des idées, leurs idées progressistes ; nombre d’entre eux au prix de leur vie, à un âge où on ne meurt pas. Arsène Tchakarian, lui, a échappé à la répression allemande et pétainiste.
Le tailleur parisien a consacré parallèlement sa vie à ce qu’il considérait comme un devoir, le devoir de mémoire en témoignant dans les établissements scolaires et en écrivant, faisant une vraie œuvre d’historien. Modestement (mais avec grandeur), fraternellement (et avec enthousiasme), minutieusement, au moment où le révisionnisme gagne du terrain pour gommer la grandeur du groupe Manouchian (avec fierté et fidélité).
Arsène Tchakarian, un héros, un homme qui est resté debout. Fidèle à ses convictions communistes de fraternité. Il est mort à 101 ans, debout ; il était le dernier des membres du groupe Manouchian encore vivants.