Il est des jours où la honte vous submerge. Le monde est malade. Des gens crèvent dans la misère, abandonnés par tous, en Haïti, en Afghanistan, en Afrique, en Asie, en Amérique et même en Europe, en France. Le capitalisme secrète la pauvreté pour alimenter quelques poignées de milliardaires égoïstes et calculateurs ; les gens de pouvoir, eux, sont aux ordres de ces semeurs de troubles, climatiques et territoriaux.

Dans ce contexte comment ne pas être sensible aux déclarations de Bruno Dumont, à propos de son film, France, satire d’un certain journalisme, qui sort demain : « Je me moque d’un métier qui a pris une forme assez artificielle. Ce sont des gens très intelligents, qui mettent leur intelligence au service d’une vision étriquée du monde. » Et comment ne pas évoquer l’artificialité des médias en regardant la nouvelle émission d’Estelle Denis à la fois sur la radio RMC et sur la chaîne RMC Story, Estelle Midi, qui porte fièrement une devise racoleuse : « On ne va pas se mentir ».

Estelle Denis prétend « débattre ensemble sur des sujets qui font votre quotidien, de l’actualité qui vous hérisse ou qui au contraire vous transporte ». Et elle donne une tribune à un journaliste gastronomique pour débattre de l’allocation de rentrée. Ce beauf absolu, mari actuel de Natacha Polony, la directrice de la rédaction de Marianne, a parfaitement joué son rôle en assénant : « Dans certaines familles, on attend cette prime pour acheter tout sauf des fournitures scolaires. »

Beauf absolu pour qui les pauvres, les salauds de pauvres, ne méritent pas cette allocation de misère.

Donc, Estelle Denis a invité Périco Légasse, habitué de telles saillies dégueulasses, pour ce qu’il est et pour faire du ‘’buzz’’.

Bruno Dumont dit à propos du personnage de France, journaliste superstar : « Je pense qu’elle est malheureuse de faire ce qu’elle fait mais qu’elle le fait. C’est un personnage tragique car elle en prend conscience, c’est un éveil. » En revanche, je ne pense pas qu’Estelle Denis ait pris conscience de l’insulte faite aux pauvres de Périco Légasse, compte tenu de son mutisme.

Que RMC et RMC Story singent CNews, LCI et BFM réunis en dit long sur ce qu’est devenu un système médiatique qui se vautre dans la bêtise et dans l’insulte. Le honte me monte au front et m’ébranle jusqu’au fond de mon âme de journaliste soucieux du public et du citoyen.