Emmanuel Macron n’est pas en vacances au fort de Brégançon et il le fait savoir. Il travaille et ses ministres aussi. Jamais le mois d’août n’avait été autant marqué par des interventions de l’exécutif ‘’sur le terrain’’.

Le président de la République et les ministres se montrent, mais pour quoi ? Les opérations de communication se succèdent ; les conseillers à l’Elysée et à Matignon, eux, n’ont pas droit aux vacances, même à Brégançon. Ils sont fort occupés à préparer les interventions sur tous les fronts de la crise, avec l’explosion du chômage et la réforme de son indemnisation toujours repoussée, avec la crise sanitaire et de nouvelles grèves des soignants, avec les inquiétudes des enseignants avant une rentrée mal préparée et incertaine, avec le plan de relance qui peine à décoller, avec les crises au Liban, au Mali, en Méditerranée où Erdogan fait de la provocation, en Biélorussie ou Loukachenko est poussé dehors…

Le social n’est pas la priorité d’un président qui n’a aucune empathie pour ceux qui n’ont rien.

Il l’a prouvé en faisant annoncer que les mutuelles se verraient appliquer une contribution exceptionnelle pour, prétendument, boucher le trou de la Sécurité sociale, au prétexte qu’elles auraient fait des économies de remboursement à leurs adhérents en raison du report de nombreuses interventions chirurgicales. Macron va donc faire les poches des salariés cotisants, sans négociation ; c’est plus facile que de mettre les riches et les multinationales à contribution. Politique de classe.

Macron fait communiquer sur les nouvelles dispositions concernant les travailleurs détachés entrées en vigueur le 1eraoût. Il a été donné consigne de mettre en avant une « victoire européenne d’Emmanuel Macron ». Selon le ministère du travail, « le principe d’égalité de traitement est désormais affirmé : à travail égal, rémunération égale. »

En lisant attentivement l’ordonnance de transposition de la directive européenne, la victoire est toute relative et maintient de nombreuses lacunes dans les régles. Le dumping social en Europe se porte bien.

L’ordonnance de transposition de la directive ne concerne pas les chauffeurs routiers, par exemple. Quant à l’égalité salariale, elle était déjà prévue par la précédente directive de 1996, mais jamais appliquée. Les cotisations sociales et les remboursements des frais de séjour (logement, repas, transport) restent ceux du pays d’origine : en Roumanie, par exemple, le gouvernement a abaissé les cotisations patronales de 35 % à 2,25 %. Les indemnités de logement ne sont que de 15 euros et celles des repas à 5 euros et marquent une régression.

Enfin, quand la ministre ose prétendre que l’inspection du travail disposera de moyens efficaces pour sanctionner les fraudes, travailleurs non déclarés, rémunération en dessous des conventions collectives, heures supplémentaires à répétition et non payées, elle ment quand on sait que les effectifs de contrôle sont en diminution constante chaque année.

L’Europe sociale n’avance pas, elle recule. Pour le plus grand profit des patrons.

Il ne suffit pas de parler, il faut agir. Mais Macron, lui, cause.