Juvénal avait déjà constaté le déclin de l’empire romain quand il écrivit sa Satire X et utilisé une expression appelée à traverser les siècles. Jeux du cirque en 2020, c’est football, football, et encore football. Un beau sport, populaire, aux règles simples, mais aujourd’hui entre les mains des riches (on y revient) comme source de profit, politique et économique.
L’équipe du Paris-Saint-Germain fait rêver, paraît-il. Les pétrodollars de Qatar ont attiré les meilleurs joueurs du monde pour gagner ‘’la’’ coupe d’Europe et asseoir la notoriété de l’émirat. Sa qualification pour la finale est l’information du jour ; personne ne peut et ne doit ignorer l’événement qualifié d’exploit historique. Les journalistes, mes confrères (les femmes étant tenues à l’écart des rubriques sportives), usent et abusent des qualificatifs les plus ronflants. Et gonflants, quand la misère du monde s’étale devant nos yeux. On ne s’étonnera pas de voir le quotidien économique Les Echos qualifier la victoire parisienne de « revanche des investisseurs qataris » ; n’ont-ils pas englouti, sans compter, des milliards pour faire du PSG le « cinquième club le plus riche du monde » ; cela suffit au journal de Bernard Arnault pour être digne d’intérêt. A défaut d’enquêter sur les conditions de travail des immigrés sur les chantiers des stades, et ailleurs.
Exploit et cocorico ?
Le cocorico est peut-être superflu après avoir pris connaissance de la composition de l’équipe dite parisienne : sur les 15 joueurs qui ont pris part à la demi-finale contre Leipzig, on ne trouve que deux Français ; en revanche, on dénombre 4 Espagnols, 3 Brésiliens, 2 Argentins, 2 Allemands, 1 Italien et 1 Camerounais.
Le cosmopolitisme de l’équipe est certes un beau pied de nez aux nationalistes, aux racistes qui voient dans l’autre le mal absolu, aux suprémacistes et à Marine Le Pen (et aux supporters qui se réclament d’elle), mais il est le symbole du sport-business, où la recherche du profit entraîne à des dépenses scandaleuses dans l’achat de joueurs censés faire rêver et gagner, à coups de transferts aux montants exorbitants.
L’équipe dite parisienne, donc, est à l’image des autres, toujours les mêmes, qui se disputent chaque année les plus beaux trophées. L’équipe allemande de Leipzig, par exemple, était encore plus cosmopolite que le PSG ; les 15 joueurs alignés hier soir étaient de 10 nationalités différentes et un seul joueur était allemand. Mais, cocorico, on trouvait 3 Français parmi les 15 (Faut-il aller en Allemagne quand on est Français pour jouer au plus haut niveau ?). Dans cette véritable sélection, on trouvait 2 Autrichiens, 2 Espagnols et 2 Hongrois et 1 représentant de 5 autres pays : Slovénie, Danemark, Suède, République tchèque et Etats-Unis.
Panem et circenses ? On y revient encore et toujours. Surtout quand la crise est profonde et le peuple affamé, non seulement de pain, mais de justice sociale.
Quand le capitalisme est en déclin, il n’invente rien ; il s’inspire des empereurs romains. Aussi longtemps ?