Je me demande encore comment les électeurs français ont pu porter Emmanuel Macron à la présidence de la République et combien de temps encore nous supporterons des ministres qui, en permanence, font preuve soit d’une bêtise insondable, soit d’un mépris abyssal pour le peuple.
Au cours de la fin de semaine, trois ministres ont entretenu la confusion sur des sujets de la plus grande importance ou de portée moindre ; comme je ne peux imaginer qu’ils soient d’une intelligence médiocre puisqu’ils ont été nommés par un président qui se prétend lui-même d’une intelligence bien au-dessus de la moyenne, ou qu’ils parlent en ignorant leurs dossiers, je reste coi.
Eric Dupont-Moretti, célèbre avocat, est volontiers provocateur ; il a aussi des moments de franchise. Il a accepté de signer la préface d’un livre du président de la fédération des chasseurs. Ne cherchez pas de hasard, il est lui aussi chasseur. Il y dénonce les écologistes qui seraient des illuminés, des intégristes, des ayatollahs, des extrémistes d’un dogmatisme aveugle (sic).
« Ils veulent que nous ayons honte d’être chasseur, écrit-il, nous culpabiliser d’être ce que nous sommes, car nous sommes aussi notre passion. Et depuis trop longtemps nous refusons de nous défendre, convaincus sans doute que l’intolérance et l’absurde ne méritent pas de réponse (…) Ce livre, il est fait pour que les chasseurs relèvent la tête. Enfin! (…) Ce livre, les ayatollahs de l’écologie s’en serviront pour allumer le barbecue où ils cuiront leurs steaks de soja. »
Voilà qui a le mérite de la franchise de la part d’un avocat, chasseur, que je range désormais du côté des franchouillards anti-écologistes.
La ministre de l’écologie, Barbara Pompili, aurait pu réagir aux propos de Dupont-Moretti ; elle n’en a pas eu le temps, occupée qu’elle était à tenter de justifier l’autorisation de l’usage des néonicotinoïdes accordée aux producteurs de betteraves.
Ex-élue sous l’étiquette EELV, elle a rallié le parti d’Emmanuel Macron, dont on connaît le peu d’enthousiasme pour la défense de l’environnement.
Barbara Pompili a avalé une couleuvre d’autant plus difficile à digérer que ses ex-amis ont ressorti les paroles qu’elle prononçait quand elle était secrétaire d’Etat à la biodiversité dans le gouvernement de Manuel Valls pour justifier l’interdiction de l’usage de ce pesticide: « Les néonicotinoïdes sont extrêmement dangereux. Ils contaminent les cours d’eau, la flore, y compris la flore sauvage. (…) Si on commence à dire “on interdit là où il y a des alternatives mais on fait des dérogations et on les laisse courir dans les temps”, on sait très bien que c’est la porte ouverte au fait qu’il y ait certains néonicotinoïdes qui ne soient jamais interdits ».
Assassin !
Quant à Roselyne Bachelot, supposée ministre de la culture, elle tentait d’éteindre le feu allumé par Philippe de Villiers et le préfet de Vendée au Puy-du-Fou. Avec son culot habituel, elle a osé confier au Parisien que le lieu emblématique du révisionnisme de l’histoire n’avait bénéficié d’aucun passe-droit pour accueillir 9 000 spectateurs.
Quand aucune parole ne peut venir justifier une telle décision, il ne reste qu’à tenter de flatter les pauvres ‘’cultureux’’ qui crient, eux, au scandale : « Je comprends l’émotion et la colère des professionnels et des artistes qui ont dû annuler leurs activités et c’est un véritable crève-cœur. »
Mais les comédiens, intermittents et l’ensemble du monde de la culture et du spectacle demandent plus que de la compréhension, mais des actes. Et la même politique pour tous.
Il n’est pas aisé d’être ministre de Macron. Mais tous ont accepté (certains ont accouru) et aucun d’entre eux n’a remis en cause la politique verticale de Jupiter. Alors, il faut assumer.