Emmanuel Macron assume totalement la ‘’verticalité’’ du pouvoir. Plus exactement de son pouvoir. C’est-à-dire la négation du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Il a tranché la question centrale de la démocratie (et de toute organisation sociale), confisquant et contrôlant tout ce qui participe à la vie et à l’administration de la ‘’polis’’ d’Athènes. Il a ainsi écarté du pouvoir démocratique les millions de citoyens qui ne se sont prononcés pour lui, au mépris des résultats du suffrage universel.

Le candidat Macron n’avait pas menti en prétendant n’être ni de droite, ni de gauche ; il n’est que l’obligé d’un pouvoir économique et financier opposé au gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Macron n’est que le nom du parti du ‘’marché’’, qui fait passer les intérêts de quelques-uns avant l’intérêt général.

Macron assume tout, le pouvoir vertical usurpé, les adaptations des lois aux lois du marché, sa soumission au pouvoir économique et financier parce qu’il n’y aurait pas d’alternative. Avec Macron, nous devons admettre que nous ne vivons plus en démocratie.

C’est au nom du pouvoir vertical que l’inspecteur du travail de Reims, Anthony Smith, qui avait été suspendu par sa hiérarchie pour avoir exigé la mise à disposition de masques pour des salariés de l’Aradopa, association d’aide à domicile, vient d’être muté d’office par le ministère du travail à la veille d’un jour férié et pendant les vacances. Le président de la République, dont la soumission au marché suppose la remise en cause de l’indépendance de l’inspection du travail, a été nécessairement associé à la décision.

Décision hautement symbolique, le dossier d’accusation étant particulièrement vide. Ce qui est reproché à Anthony Smith, au-delà du manque d’équipements de protection contre le coronavirus, c’est d’avoir rappelé à l’ordre une entreprise semant la terreur parmi les salariés, où les tensions étaient telles qu’une procédure de droit d’alerte avait été déclenchée le 10 avril par le syndicat pour ‘’danger grave et imminent’’.

Autre exemple scandaleux de déni de démocratie, la décision du préfet de Vendée qui a autorisé de porter la capacité d’accueil du Puy du Fou à 9 000 personnes, alors que le monde du spectacle crève partout ailleurs, que la jauge de 5 000 spectateurs reste la règle. Il a suffi d’un appel téléphonique du ‘’fou du Puy’’, comme le surnommait le Canard enchaîné, c’est-à-dire Philippe de Villiers, à Macron pour régler la question.

Enfin, si les chômeurs sont invités à traverser la rue pour trouver du travail, les amis du président n’ont pas à se déplacer ; le président veille et distribue les prébendes.

Agnès Buzyn, la brillante ministre de la santé, qui a obtenu un résultat calamiteux aux élections municipales à Paris, est déjà recasée à la présidence d’Universcience, un organisme qui gère à la fois le Palais de la Découverte et la Cité des sciences et de l’industrie. Une belle récompense, le Canard enchaîné avait déclenché une belle polémique en 2015 en révélant le salaire de celle qui occupait le fauteuil présidentiel à l’époque, Claudie Haigneré : 21 000 euros par mois.

On rappellera aussi que le mari d’Agnès Buzyn, Yves Lévy, qui avait dû quitter l’INSERM pour conflit d’intérêt avec la ministre de la santé, avait été propulsé conseiller d’Etat en service extraordinaire.

On attend avec curiosité de connaître le point de chute de l’ex-ministre du travail, Muriel Pénicaud (qui ne retournera pas chez Danone). Le poste de représentante permanente de la France à l’OCDE lui semble promis.

Quant à Frédérique Calandra, ex-maire du XXe arrondissement de Paris et aussi piteusement défaite qu’Agnès Buzyn, elle a été nommée déléguée interministérielle à l’aide aux victimes. Avec le pouvoir vertical de Macron, les choses sont claires : à ses amis les sinécures et aux gens qui n’ont rien les sanctions.

Les affaires du marché se portent bien, en France comme ailleurs ; Macron est celui qui fait régner son ordre, selon ses intérêts de classe. Mais si ce marché s’est hissé avec Jupiter sur l’Olympe, pour nous faire croire qu’il est inaccessible et nous échappe éternellement, tous les espoirs de changements radicaux ne se sont pas évanouis.

Nos ancêtres ont connu pareille situation de pouvoir vertical, et même absolu. Ils ont fait la Révolution.